Les interdictions d’afficher dans les stations de métro et de bus de la Transport for London (TfL), l'organisme public responsable des transports en commun de Londres, sont fréquentes pour des motifs de nudité, mais plus rarement pour des raisons politiques. Or, elles viennent de frapper une campagne sur le sort des Palestiniens depuis la création de l'Etat d'Israël en 1948, selon des informations rapportées par plusieurs médias, dont le Guardian.
Trois types d’affiches mettaient en parallèle, chacune, deux clichés photographiques, l'un présenté comme antérieur à la création d’Israël, l'autre postérieur. Plus précisément, une photo en noir et blanc représentait le peuple palestinien dans des scènes de rue ou de la vie familiale, du temps où la Palestine était sous mandat britannique. En-dessous de celle-ci, une photo en couleur figurait le présent – des ruines, des femmes endeuillées en pleurs et des camps de réfugiés.
L'organisme public des transports londonien a fait valoir que la campagne avait contrevenu aux règles, en présentant des «images ou messages en rapport avec des controverses ou avec la sensibilité individuelle». Pourtant, curieusement, une image similaire avait été autorisée dans la station de métro de Westminster, l'an dernier, selon le Guardian.
«L’histoire de la Palestine est une histoire censurée»
La campagne d’affichage, intitulée «Make It Right» (Soyez juste), a été organisée par la Mission palestinienne au Royaume-Uni, qui représente l'Autorité palestinienne. Son représentant diplomatique dans le royaume, Manuel Hassassian, a qualifié cette interdiction de «censure».
Il existe peut-être une liberté d’expression sur tous les sujets en Angleterre, sauf sur la Palestine
«L’histoire de la Palestine est une histoire censurée. Cela fait 100 ans que le gouvernement britannique masque ses promesses non tenues dans la déclaration de Balfour de protéger les Palestiniens, quand il a cédé leur pays à un autre peuple», a martelé Manuel Hassassian. Et le représentant diplomatique d'ajouter : «Il existe peut-être une liberté d’expression sur tous les sujets en Angleterre, sauf sur la Palestine.»
La campagne d'affichage en question dénonçait les conséquences de la déclaration Balfour, du nom du secrétaire britannique des Affaires étrangères de l’époque, Arthur James Balfour, signée le 2 novembre 1917. Il annonçait l’intention du gouvernement d’établir un Etat pour le peuple juif en Palestine. La déclaration comportait une promesse : «Rien ne doit être fait qui puisse porter préjudice aux droits des communautés non juives existant en Palestine.» Or, cette déclaration a ouvert la voie à l'expulsion d'autochtones arabes de leurs terres.
Une campagne à l'occasion du centenaire de la déclaration Balfour
Les affiches de la campagne «Make It Right» devaient être placardées en amont des célébrations du centenaire de cette déclaration, le 2 novembre 2017.
Theresa May et son homologue, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, sont attendus à un dîner londonien célébrant l'événement. Londres, à qui le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas avait demandé des excuses pour les conséquences de la déclaration Balfour, a exprimé son refus de le faire en avril 2017. Des manifestations doivent être organisées pour le respect des droits des Palestiniens et la reconnaissance du préjudice entraîné par la promesse non-respectée des Britanniques.
La campagne d'affichage interdite dans les stations de métro et de bus sera toutefois visible sur des taxis, dont les règles d’affichages sont moins contraignantes.
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