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Malte : le fils de la journaliste assassinée accuse la «mafia d'Etat», Julian Assange s'engage

Après l'assassinat de Daphne Caruana Galizia, le gouvernement et l'opposition, tous deux mis en cause par certaines de ses révélations, marchent sur des œufs, alors que le fils de la journaliste met en cause des «institutions étatiques impuissantes».

Après l'attentat à la voiture piégée dans lequel a péri le 16 octobre la journaliste maltaise Daphne Caruana Galizia, à l'origine d'importantes révélations liées aux Panama Papers, son fils a lancé des accusations mettant indirectement en cause l'Etat maltais.

Ma mère a été assassinée parce qu'elle se tenait entre la loi et ceux qui ne cessent de la violer

«Ma mère a été assassinée parce qu'elle se tenait entre la loi et ceux qui ne cessent de la violer», a écrit Matthew Caruana Galizia, dans un communiqué publié sur Facebook le 17 octobre. «Mais elle a également été prise pour cible parce qu'elle était la seule à oser le faire : c'est ce qui arrive quand les institutions étatiques sont impuissantes», a-t-il ajouté.

Allant jusqu'à parler d'Etat mafieux dans ses accusations, le fils de Daphne Caruana Galizia a rappelé les déboires de sa mère avec plusieurs personnalités et institutions politiques. Début juin, le Premier ministre Joseph Muscat avait remporté une large victoire lors d'élections législatives anticipées convoquées à la suite d'une série de scandales impliquant plusieurs de ses proches, dans la révélation desquels la journaliste avait joué un rôle central.

Michelle Muscat, l'épouse du Premier ministre maltais, avait également été accusée d'avoir ouvert un compte au Panama pour y abriter, entre autres, des pots-de-vin versés par l'Azerbaïdjan en échange de l'autorisation donnée à une banque azérie de travailler à Malte. «Le plus gros mensonge de l'histoire politique maltaise», avait réagi Joseph Muscat.

Prudence du gouvernement et de l'opposition

Le Premier ministre maltais et le leader de l'opposition Adrian Delia, tous deux mis en cause dans différentes révélations faites par Daphne Caruana Galizia, n'ont pas tardé à réagir à son assassinat. Le premier a devancé toute suspicion en dénonçant un «acte barbare». «Tout le monde sait que c'était une de mes détractrices les plus dures, politiquement et humainement, mais personne ne peut justifier cela», a-t-il déclaré.

Le second a annoncé qu'il n'accepterait pas d'enquête de la part de la police ou des magistrats, exigeant une investigation indépendante, laissant ainsi planer l'ombre d'un soupçon sur les autorités.

Dès l'annonce de la mort de Daphne Caruana Galizia, des centaines d'anonymes se sont pressés dans la ville de Silema, où elle résidait, pour y déposer des fleurs et des bougies afin de lui rendre hommage.

WikiLeaks offre 200 000 dollars pour des informations sur les meurtriers

L'événement a également fait réagir à l'étranger, notamment dans la communauté des lanceurs d'alertes. Le célèbre fondateur de WikiLeaks Julian Assange a ainsi promis 200 000 dollars de récompense à quiconque fournirait des informations pouvant permettre de juger les meurtriers de Daphne Caruana Galizia.

«Nous pensons que justice sera rendue, même si cela ne suffira pas à réparer ce mal», a en outre déclaré la Commission européenne, en réaction au meurtre de la journaliste. Mais, comme le rapporte le Cyprus Mail, Bruxelles refuse de répondre aux questions concernant la garantie de l'Etat de droit à Malte (membre de l'Union européenne), alors qu'une procédure est en cours pour vérifier que le système judiciaire de l'île respecte les conditions du droit européen. «Nous ne spéculons jamais sur ces questions», a sobrement commenté l'une des porte-paroles de la Commission, Margaritis Schinas.

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