Jordi Sánchez et Jordi Cuixart, les chefs des deux plus importantes associations indépendantistes catalanes, comparaissaient le 16 octobre pour la deuxième fois devant une juge de l'Audience nationale espagnole, un tribunal chargé notamment des affaires de sécurité nationale.
Ils ont été inculpés de sédition et placés en détention préventive pour avoir convoqué et encouragé des centaines de manifestants le 20 septembre, empêchant durant des heures la sortie d'agents de la police nationale qui perquisitionnaient des bureaux du gouvernement catalan, à Barcelone, pour empêcher le référendum d'autodétermination du 1er octobre. Selon l'agence de presse espagnole Europa Press, les deux hommes ont refusé de répondre aux questions du juge lors de leur audience.
Omnium Cultural, l'association que dirige Jordi Cuixart, a immédiatement publié un message sur son compte Twitter dénonçant comme inacceptable dans une société démocratique la perte de liberté de son président. «La mobilisation continue, ils ne peuvent pas emprisonner un peuple entier», a également fait savoir l'organisation.
L'ANC, association présidée par Jordi Sánchez, a diffusé un message pré-enregistré par ce dernier, dans lequel il déclare que son emprisonnement ne répond à «aucun principe de justice», et que le tribunal cherche à «[les] effrayer, [les] punir pour avoir défendu la liberté».
«Ils veulent emprisonner des idées, mais ils renforcent le besoin de liberté en nous», a commenté le président catalan Carles Puigdemont dans un message largement partagé sur le réseau social.
Pour le lanceur d'alerte Julian Assange, il ne s'agit ni plus ni moins que des deux premiers prisonniers politiques depuis le référendum sur l'indépendance de la Catalogne.
Les Catalans ont voté en faveur de l'indépendance de leur région, lors d'un scrutin organisé le 1er octobre, malgré son interdiction par l'Espagne pour inconstitutionnalité. Avec un taux de participation de 42,3%, le «oui» l'a emporté à plus de 90%. Le 10 octobre au soir, Carles Puigdemont, président de la généralité de Catalogne, déclarait que le peuple avait donné «mandat» pour l'indépendance de la région, mais avait dans la foulée suspendu les «effets» du référendum. Estimant la situation confuse, le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy a demandé au pouvoir régional catalan de préciser si l'indépendance avait été ou non déclarée. En fonction de la réponse de Barcelone, il pourrait suspendre le statut d’autonomie de la généralité.