Des manifestations pour l'unité de l'Espagne et le dialogue entre les indépendantistes catalans et le gouvernement central ont réuni des dizaines de milliers de personnes dans plusieurs villes du pays, le 7 octobre, selon l'AFP. A Madrid, ils étaient 50 000 selon les autorités, a venir apporter leur soutien à une Espagne unie sur la place Colon. Devant la mairie de Madrid, un peu plus loin, plusieurs milliers de personnes, vêtues de blanc, ont participé à une action baptisée «Parlem ? Hablemos ?» («On se parle ?», en catalan et espagnol).
Les rues sont à tout le monde !
A Barcelone, la même initiative, véhiculée en majorité par les réseaux sociaux, a réuni plusieurs milliers de personnes sur la place Sant Jaume, le cœur administratif de la capitale régionale, où se trouve le conseil municipal. Environ 5 500 personnes, selon la police locale, ont scandé des slogans tels que : «Nous voulons la paix !», «Parler ou ne pas pas avancer !» ou «Les rues sont à tout le monde !». D'autres initiatives similaires ont eu lieu à Valence, Saragosse et Valladolid, entre autres.
Les résultats définitifs du référendum catalan – interdit par la justice espagnole – ont été transmis le 6 octobre, le «oui» à l'indépendance de la Catalogne ayant récolté 90,18% des voix, avec un taux de participation de 43%. Les séparatistes avaient envisagé une possible proclamation unilatérale d'indépendance le 9 octobre, avant que le président catalan Carles Puigdemont ne reporte sa prise de parole devant l'assemblée régionale. La prochaine réunion du parlement catalan est prévue le 10 octobre à 18h00 heure locale et l'ordre du jour porte simplement sur la situation politique.
Du côté de l'Etat espagnol, le préfet, principal représentant de Madrid en Catalogne, a pour la première fois présenté des excuses au nom des forces de l'ordre pour les violences ayant émaillé le scrutin, qui ont fait au moins 92 blessés selon l'AFP et choqué une partie de l'opinion publique.
Un horizon qui s'assombrit pour l'indépendantisme catalan ?
L'hésitation des indépendantistes catalans à proclamer leur indépendance pourrait s'expliquer par plusieurs obstacles de taille s'amoncelant sur leur route. Dans le secteur économique par exemple, plusieurs entreprises, dont les banques centenaires CaixaBank et Banco de Sabadell, ont déjà pris la décision de transférer leurs sièges sociaux hors de Catalogne, inquiets face à l'instabilité politique de la région.
D'un point de vue politique, la Commission européenne a apporté officiellement son soutien à l'Etat espagnol, tout en condamnant les violences ayant émaillé le scrutin controversé. Le porte-parole de la Commission européenne, Margaritis Schinas, a ainsi déclaré dès le lendemain de l'élection, que le référendum n'était «pas légal», précisant que si le scrutin avait été réalisé dans le cadre de la loi espagnole, la Catalogne n'aurait plus fait partie de l'Union européenne. «Si une partie d'un Etat membre cesse de faire partie de cet Etat, parce que ce territoire devient un Etat indépendant, les traités [européens] cessent de s'appliquer plus longtemps», a-t-elle ainsi rappelé.
Une autre manifestation «pour retrouver la sagesse», hostile à l'indépendance de la Catalogne, est prévue le 8 octobre à Barcelone. Le prix Nobel de littérature de nationalités péruvienne et espagnole Mario Vargas Llosa, qui a qualifié l’indépendantisme catalan de «maladie», y participera.
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