International

Crimée et Kosovo : le président tchèque dénonce les «doubles standards» des nations occidentales

Pour le chef d’Etat tchèque, Milos Zeman, l'Occident fait preuve d'incohérence en considérant le rattachement de la Crimée à la Russie comme illégal après avoir approuvé la sécession du Kosovo de la Serbie.

La manière dont les chancelleries occidentales ont traité la situation du Kosovo il y a une dizaine d'années et celle de la Crimée aujourd'hui révèle les doubles standards auxquels elles recourent, selon le président de la République tchèque Milos Zeman. 

En effet, pour le dirigeant, la sécession du Kosovo vis-à-vis de la Serbie en 2008 constitue une violation de la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU garantissant l’intégrité territoriale de la Serbie.

Or, par la suite, les nations occidentales ont appliqué «ce qu’on appelle "la politique des doubles standards" où le référendum dans le cas de la Crimée constitue une annexion illégale [pour les Occidentaux], et où la proclamation de l’indépendance du Kosovo, malgré la résolution de l’ONU, est [considérée comme] normale», a plaidé Milos Zeman lors d'une interview à la chaîne tchèque TV Barrandov.

Une trentaine de pays n'ont pas reconnu l'indépendance du Kosovo, proclamée en 2008, parmi eux la Serbie et la Russie, pour qui le Kosovo reste partie intégrante de l'Etat serbe. La République tchèque, néanmoins, fait partie des Etats ayant reconnu l’indépendance du Kosovo.

En ce qui concerne la Crimée, celle-ci a fait session de l'Ukraine et a été rattachée à la Russie en mars 2014 à l'issue d'un référendum non reconnu par la communauté internationale. Moscou a souligné à plusieurs reprises que le scrutin s’était déroulé conformément au droit international et à la charte de l’ONU.

Quid de la Catalogne ?

Au début de la semaine, c'est le président serbe Aleksandar Vucic qui a dénoncé l’incohérence de Bruxelles dans son attitude envers mouvements sécessionnistes au sein de l'Union européenne (UE). Le chef d'Etat comparait le cas de l'indépendance du Kosovo (non-reconnue par la Serbie) au récent référendum d’indépendance en Catalogne. Ce dernier, interdit par les autorités espagnoles, s'est déroulé sur fond de violences, mais a été qualifié par l'UE d'«affaire interne» à l’Espagne. Or, dans le cas du Kosovo, Bruxelles avait rapidement pris position jusqu'à adopter une résolution demandant aux Etats européens de reconnaître le Kosovo indépendant.

«La question que chaque citoyen serbe se pose aujourd'hui en regardant l'Union européenne est la suivante : comment se fait-il que dans le cas de la Catalogne le référendum d'indépendance ne soit pas valide, mais qu'à ses yeux la sécession du Kosovo, pourtant organisée sans référendum, le soit ?», s'est interrogé Aleksandar Vucic, comme le rapporte la chaîne de télévision serbe B92.

Le Kosovo, province serbe majoritairement peuplée d'Albanais, a déclaré son indépendance en 2008 après une longue et meurtrière guerre débutée fin 1998. Au cours du conflit, les Etats-Unis et l'OTAN étaient intervenus sans mandat de l'ONU à l'appel des rebelles albanais qui luttaient pour l'indépendance, contre le gouvernement yougoslave de Belgrade, attaché à l'unité de la Yougoslavie (dissoute en 2003). Si une grande partie de la minorité serbe du Kosovo a fui le pays par peur des représailles des milices albanaises, un certain nombre demeurent toujours dans le nord du pays.