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Moscou : Daesh mène des attaques depuis un «trou noir» autour de la base américaine en Syrie

La zone autour la base américaine d’Al-Tanf, près de la frontière jordanienne, est un vivier de terroristes de Daesh, d’après l’armée russe. Un problème de plus en plus important pour l’armée syrienne qui progresse à Deir ez-Zor.

Une nouvelle charge du ministère russe de la Défense contre les troupes américaines, présentes en Syrie sans autorisation du gouvernement syrien. Cette fois, l’attention de Moscou est portée sur la base américaine d’Al-Tanf, située près de la frontière entre la Syrie et la Jordanie. «La présence [de cette base] à l’arrière des troupes syriennes soutenues par l’aviation russe qui avancent sur Daesh à Deir ez-Zor devient un problème de plus en plus inquiétant», a déclaré le porte-parole de la Défense russe Igor Konachenkov.

«Le Pentagone a affirmé à plusieurs reprises que les instructeurs militaires américains, britanniques et norvégiens qui s’y trouvent, avec des unités d’aviation tactique et d’artillerie, sont chargés de l’entraînement des combattants de la soi-disant Nouvelle armée syrienne [avatar de l'Armée syrienne libre apparu en 2015, puis dissoute et encore reformée]», a rappelé le militaire. «Mais en vérité, Al-Tanf est devenu un trou noir large de 100 kilomètres sur la frontière syro-jordanienne», a-t-il détaillé. Igor Konachenkov a en outre expliqué que des détachements de Daesh sortaient régulièrement de cette zone pour mener des attaques de diversion sur les troupes de l'armée syrienne et les civils.

L’ouverture de cette base, en avril 2017, avait été motivée, selon la partie américaine, par la nécessité d’effectuer des opérations contre Daesh. «Pourtant, au cours des six mois de son existence, aucune opération américaine contre Daesh n'a été recensée», a regretté Igor Konachenkov.

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Le «bouclier vivant» de la base américaine

L’armée russe a d’ailleurs souligné ce qu’elle considère comme un «autre problème» lié à la fameuse base américaine. En effet, le camp de réfugiés de Roukban, abritant au moins 60 000 femmes et enfants fuyant les combats à Raqqa et Deir ez-Zor, se trouve près d’Al-Tanf. Selon Igor Konachenkov, les Américains ne laissent pas les convois humanitaires de Damas, de la Jordanie, ou de l’ONU et d’autres organisations internationales parvenir jusqu'à ces personnes déplacées.

«Des réfugiés de Roukban sont aujourd’hui de facto des otages, et plus précisément un bouclier vivant pour la base américaine», a martelé le porte-parole de l’armée russe, ajoutant qu’à part les Américains, seuls les terroristes utilisaient de telles tactiques en Syrie.

La base d’Al-Tanf a déjà été dans le viseur des médias début septembre. Un ancien responsable syrien de cette base américaine a alors accusé les militaires américains d'avoir fermé les yeux sur la vente d'armes US à Daesh. Selon lui, le chef d’un groupe rebelle syrien affilié à l’Armée syrienne libre (ASL) aurait fait affaire avec les terroristes.

«Quand nous avons appris cela, nous l’avons rapporté aux commandants américains de la base [d'Al-Tanf]. Mais eux, de leur côté, n’ont fait que raffermir leur soutien à cette personne […] qui faisait des affaires avec Daesh», a expliqué Asaad al-Salem, ancien chef de la sécurité de la section syrienne de cette base, dans une interview à la chaîne russe Rossiya 24.

De son côté, le ministère russe de la Défense avait déjà accusé Washington d’avoir encouragé les activités des terroristes. Fin septembre, l’armée russe avait diffusé des clichés aériens montrant des équipements des forces spéciales américaines, soutien des Forces démocratiques syriennes (FDS), sur des zones contrôlées par Daesh près de Deir ez-Zor. Selon Moscou, les Américains assuraient ainsi le passage des FDS au milieu des positions de Daesh en leur évitant d'être attaquées par les terroristes.