International

Catalogne : à la veille du scrutin interdit, les indépendantistes plus déterminés que jamais

Forts de dizaines d'écoles occupées à la veille d'un référendum d'autodermination à hauts risques en Catalogne, les séparatistes se disent prêts pour cette consultation interdite par la justice et que Madrid veut empêcher à tout prix.

«Votarem» («nous voterons» en catalan) ont scandé le soir du 29 septembre quelque 10 000 indépendantistes, venus assister au dernier meeting de Carles Puigdemont, leur dirigeant et président de cette région du nord-est du pays depuis début 2016. «En ces moments incroyablement intenses et très émouvants, nous sentons que notre rêve est à portée de main», a-t-il lancé à la foule.

Les dirigeants séparatistes ont assuré le 29 septembre qu'ils disposeraient le 1er octobre de 2 315 bureaux de vote, dont 207 à Barcelone, pour ce référendum pourtant interdit par la Cour constitutionnelle. Mais la commission électorale a été dissoute en raison du risque d'amende... et elle était composée uniquement de séparatistes, ce qui la rendait difficilement crédible. 

Des occupations pacifiques ont débuté dans la soirée du 29 septembre dans des dizaines d'école en Catalogne, alors que la justice a ordonné le 27 octobre à la police de fermer les locaux qui devraient accueillir des bureaux de vote, parmi lesquels des écoles. 

Plusieurs dizaines d'établissements étaient occupés, d'après différents messages postés sur les réseaux sociaux. «Moi je reste dormir ici, en principe avec mon fils aîné», a déclaré à l'AFP Gisela Losa, une mère de trois enfants rencontrée dans l'école primaire Reina Violant, du quartier de Gracia, à Barcelone, occupée par des parents d'élèves. 

Des «comités de défense du référendum» organisés

Des «comités de défense du référendum» se sont organisés, quartier par quartier, et ont distribué des consignes que l'AFP a pu consulter, par le biais du réseau social Telegram, invitant notamment les militants à rester pacifiques avant tout.

Jouant sur le droit à organiser des activités extra-scolaires, des parents d'élèves occupaient ces sites pour maintenir les écoles ouvertes : pique-nique, soirée pyjama, chocolat chaud, cinéma à la belle étoile... 

Risques de troubles

Les forces de l'ordre, qui ont saisi depuis la mi-septembre des millions de bulletins de vote, recherchent toujours les milliers d'urnes que les indépendantistes comptent utiliser pour ce référendum interdit par la Cour constitutionnelle. 

«Il n'y aura pas de référendum», a martelé le porte-parole du gouvernement conservateur espagnol Inigo Mendez de Vigo. «Les responsables [de ces agissements] se rendent coupables d'un acte de déloyauté très grave», a-t-il menacé, promettant qu'ils auraient à répondre de leurs actes devant la justice. 

Le face-à-face entre Madrid et les séparatistes en Catalogne, l'une des pires crises traversées par l'Espagne depuis le rétablissement de la démocratie après la mort de Franco en 1975, s'est rapproché le 30 septembre de son paroxysme.  

Madrid a multiplié les mesures judiciaires et les opérations de police ces dernières semaines, provoquant des manifestations d'indignation de dockers, de pompiers et de milliers d'étudiants.

La police régionale catalane – les Mossos d'Esquadra – a dit craindre des troubles et a annoncé qu'en cas d'occupation de bureaux de vote, elle ferait savoir aux organisateurs qu'ils ont l'obligation de quitter les lieux avant «dimanche [1er octobre] à 06h du matin», selon un document interne consulté par l'AFP, préférant donc ne pas appliquer la manière forte d'office.

Madrid a envoyé en renfort près de 10 000 agents de la police nationale et de la Garde civile qui pourraient être mobilisés.

Même si le scrutin parvenait à être organisé, son issue est loin d'être évidente : le dernier sondage commandé par le gouvernement indépendantiste, publié en juillet, montrait que les adversaires de l'indépendance étaient plus nombreux que ses partisans (49,4% contre 41,1%). 

Lire aussi : Les étudiants catalans manifestent pour l’indépendance à Barcelone