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Incitation à la prostitution ? En Belgique, un site met en lien étudiantes et hommes riches

Améliorez votre style de vie en sortant avec un homme riche : telle est la promesse faite à des étudiantes par le site RichMeetBeautiful, auteur d'une campagne de publicité polémique sur les campus universitaires.

Un site de rencontres sur internet promettant aux étudiantes d'améliorer leur niveau de vie en rencontrant des hommes riches, dans des publicités près des universités, a suscité une vague de critiques ce 25 septembre en Belgique.

«Améliorez votre style de vie, sortez avec un sugardaddy», dit l'annonce, illustrée d'une poitrine féminine à peine cachée par un soutien-gorge rouge. Le site RichMeetBeautiful, lancé il y a quelques semaines en Belgique, a lancé une campagne publicitaire le 22 septembre dans Bruxelles au moyen de deux camions surmontés d'énormes panneaux apostrophant leur cible par un «Hey les étudiantes !». La plateforme de rencontres en ligne a pour objectif de mettre en relation des sugardaddies (littéralement «papas gâteaux», des hommes âgés et riches) avec des sugarbabies, dont la principale caractéristique semble être qu'elles sont jeunes, jolies et de préférence étudiantes.

Ces camions publicitaires ont été repérés ce 25 septembre aux abords du campus de la célèbre Université libre de Bruxelles (ULB), au moment où la rentrée universitaire battait son plein. Selon le PDG du site, le Norvégien Sigurd Vedal, dix autres camions doivent sillonner le pays dans les semaines à venir. «Surtout à proximité des établissements universitaires», ajoute-t-il.

La campagne publicitaire n'a pas manqué de provoquer une levée de boucliers. L'ULB a déposé plainte auprès du Jury d'éthique publicitaire de Belgique, un organe d'autodiscipline du secteur dont les avis négatifs sont généralement suivis par les annonceurs. Sandrine Sepul, directrice de ce jury, qui statuera le 3 octobre prochain, a précisé à l'AFP que plusieurs autres plaintes étaient à l'étude. Un syndicat étudiant, l'Union des étudiants de la Communauté française (Unecof), a pour sa part dénoncé une «campagne immorale». De son côté, la Fédération Wallonie-Bruxelles, dont dépend l'enseignement supérieur dans la capitale belge, a annoncé qu'elle déposerait plainte pour incitation à la débauche et la prostitution.

«Un malentendu classique» pour le PDG du site

«De plus en plus d'étudiants ont des difficultés sociales ou économiques. On sait que le phénomène de la prostitution étudiante gagne du terrain, et voilà une entreprise qui exploite la détresse de ces jeunes femmes pour faire des profits», a expliqué la présidente de l’Uecof, Opaline Meunier.

«Si ce n'est pas de l'incitation à la prostitution, c'est au moins comparable à l'utilisation des services d'une escort girl. Or, ces étudiantes-là, qui ont du mal à payer leurs études, ont besoin d'une bourse, pas d'un sugardaddy», a insisté la présidente de l'Unecof.

«C'est un malentendu classique», a rétorqué pour sa part Sigurd Vedal, qui a également prévu une campagne publicitaire à la télévision, à la radio et sur internet. «Nos sugarbabies doivent avoir au moins 18 ans et la prostitution n'est pas autorisée», a-t-il encore assuré. Et d'ajouter : «Nous sommes comme un site de rencontres classique, sauf que l'aspect financier fait partie des critères.» En effet, la plateforme demande aux sugardadies de s’acquitter d’un abonnement de 79 euros, tandis que les sugarbabies y ont un accès gratuit. 

Sur 150 000 jeunes filles déjà inscrites dans les pays scandinaves et au Benelux, 21 000 environ sont belges, selon le site, qui a fait de la Belgique l'une de ses priorités commerciales.