Les données de l'Office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH) rapportées par TV5, révèlent que la prostitution serait en passe de devenir le nouveau marché fructueux dans les cités françaises. Jusqu'à présent portés sur le trafic de drogues et les braquages, les délinquants de banlieue se tourneraient de plus en plus vers l'exploitation sexuelle de jeunes filles, souvent mineures.
«Nous étions persuadés que les cités échappaient au phénomène de la prostitution [...] mais aujourd'hui les choses ont changé», commente Jean-Marc Droguet, le patron de l'OCRTEH, organisme rattaché au ministère de l'Intérieur. Le phénomène aurait selon lui pris de l'importance depuis 2014. A l'époque, seuls quelques cas étaient recensés : en 2016, près de cinquante affaires ont été traitées. Pour les seuls six premiers mois de 2017, une vingtaine de cas ont été portés à la connaissance des policiers. Cette prostitution des cités représenterait 14% des victimes identifiées en France en 2016, selon l'OCRTEH.
Le profil de ces nouveaux proxénètes est relativement nouveau. Il s'agit généralement de «groupes de copains» plutôt jeunes, au sein desquels la hiérarchie est soigneusement établie. Certains s'occupent de louer des appartements, d'autres de traiter avec le client. Le marché des stupéfiants étant saturé, les «seconds couteaux» des bandes de dealers seraient plutôt enclins à se tourner vers cette nouvelle opportunité.
Les victimes, quant à elles, sont souvent de jeunes fugueuses coupées de leur milieu familial, la plupart du temps à cause de maltraitances. Un témoin cité par TV5 raconte par exemple le cas d'«une jeune fille rasée et séquestrée par sa famille pour avoir eu des relations sexuelles avant le mariage». Recueillie par un groupe de jeunes, la jeune fille a commencé à se prostituer sous leur influence.
Les peines de prison encourues par ces proxénètes sont relativement lourdes : dix ans d'emprisonnement, et jusqu'à 20 ans dans le cas de victimes âgées de moins de 15 ans. Les clients, eux aussi, sont susceptibles d'être condamnés, en vertu de la nouvelle loi votée le 13 avril 2016. Le profil de ces derniers n'est d'ailleurs pas différent de celui des clients de la prostitution classique. «C'est monsieur tout-le-monde», explique Jean-Marc Droguet.
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