International

Sergueï Lavrov trouve qu’il y a un «surpoids» à l’ONU mais appelle à la prudence

S’exprimant sur le programme de réformes de l’ONU proposé par Donald Trump, le chef de la diplomatie russe a reconnu que l’organisation avait besoin de changements, y compris dans son budget, mais a mis en garde contre les actions hâtives.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a commenté, en pleine Assemblée générale de l’ONU, la situation au sein de cette organisation emblématique dans une interview diffusée par la télévision russe. Il s’est en particulier arrêté sur le projet de réforme des Nations unies, proposé par l’administration Trump. Présenté il y a une semaine sous la forme d'une déclaration signée par 128 Etats, ce projet de réforme vise à lutter contre «la bureaucratie et une mauvaise gestion», selon Donald Trump.

On risque de traumatiser l’organisme vivant qu'est l'organisation

Le diplomate russe a lui aussi reconnu la nécessité de réformer l’ONU. «Le fait qu’il y a un surpoids à l’ONU n’est pas nouveau», a-t-il ironisé, en mettant pourtant en garde contre des mesures hâtives et irréfléchies. «Il faut envisager toute réforme brusque et profonde avec prudence, puisque ce surpoids s’explique surtout par le fait que l’organisation compte quand même 193 pays membres», a noté Sergueï Lavrov, ajoutant que «chacun de ces pays […] souhait[ait] participer à son travail». «A mon avis, c’est un souhait tout à fait compréhensible», a estimé le diplomate. «Lorsqu'on s'en prendra à ce surpoids, il est à craindre qu'on puisse traumatiser l’organisme vivant qu'est l'organisation», a-t-il notamment prévenu.

Le programme proposé par Washington a suscité une approbation prudente de Moscou. Toutefois, selon le ministre, c’est la manière de présenter ce projet qui a laissé la Russie perplexe.

«Lorsque la Russie et certains autres pays membres de l’ONU, qui ont reçu cette déclaration, ont proposé de discuter de certaines formulations, on [leur] a dit : "Non, ça ne se discute pas. Tenez et signez"», a fait remarquer Sergueï Lavrov, en expliquant que Moscou ne pouvait évidemment pas accepter une telle approche.

Même s’il est «difficile de contredire» les principes proposées par Washington, qui souhaite éradiquer la bureaucratie, les dépenses superflues et augmenter l’efficacité de l'organisation, les Nations unies «doivent être conformes à la vision des Etats-membres, négociée lors des pourparlers impliquant toutes les parties», a souligné le ministre russe.

Des propos qui font écho aux critiques émises par le représentant permanent de la Russie auprès de l’ONU, Vassili Nebenzia, qui a estimé, au lendemain de l’adoption de la déclaration américaine, qu’une réforme des Nations unies ne devrait «pas être issue d’une déclaration, mais de négociations».