La Suède, bien que ne faisant pas partie de l'OTAN continue de se rapprocher de l'organisation militaire. L'armée suédoise a ainsi donné le coup d'envoi ce 11 septembre aux manœuvres les plus importantes depuis 23 ans conjointement avec plusieurs pays de l'Alliance atlantique, dont les Etats-Unis mais aussi la France. La Finlande, non-alignée, participera également.
Le scénario des manœuvres, qui dureront trois semaines, consiste en l'agression d'une puissance étrangère, qui attaquerait l'île stratégique suédoise de Gotland, située en mer Baltique.
«Si vous contrôlez le Gotland, vous avez le contrôle des voies maritimes et aériennes vers les Pays baltes», explique ainsi le ministre suédois de la Défense, Peter Hultqvist, cité par le Financial Times le 7 septembre.
Washington invoque une prétendue «menace russe»
Quelque 20 000 soldats, dont 90% sont suédois, prendront part aux manœuvres, baptisées Aurora 17, soit la moitié des effectifs dont dispose la Suède. «Il s'agit de se saisir des réalités de la situation sécuritaire dans cette partie de l'Europe», a ajouté le ministre suédois, précisant que les exercices étaient «un signal important à destination de la population suédoise mais aussi pour d'autres pays».
Washington a à nouveau justifié sa présence, dans ces manœuvres, en invoquant une prétendue menace russe, pourtant maintes fois démentie par Moscou.
«La Russie a changé la situation sécuritaire [dans la région]», a ainsi estimé le commandant des armées américaines Ben Hodges, cité par le média suédois Dagens Nyheter. Ce même commandant s'inquiétait des exercices Zapad, conjointement menés par la Russie et la Biélorussie qui débuteront le 14 septembre pour une semaine. «Les gens craignent que cela se révèle être un cheval de Troie», déclarait ainsi Ben Hodges début août 2017, cité par The Economist.
Moscou joue l'apaisement
En signe d'apaisement, la Biélorussie et la Russie avaient convié des observateurs de l'OTAN et de pays étrangers, et notamment des pays baltes, aux exercices Zapad, qui impliqueront 12 700 militaires biélorusses et russes selon Minsk.
Les vice-ministres russes et biélorusses ont par ailleurs souligné que les troupes présentes dans le cadre de l'exercice militaire, seraient retirées dès la fin de ce dernier.
Le lieutenant-général russe Alexandre Fomine avait par ailleurs souligné la nature purement défensive de l'exercice et sa composante anti-terroriste, qualifiant la menace militaire russe avancée par Washington de «mythe».
L'OTAN, toujours plus proche des frontières russes
Mais si les craintes restent tenaces dans le camp de l'OTAN, Moscou redoute pour sa part l'arrivée d'un éventuel nouvel allié militaire de Washington, et ce alors que l'Europe de l'Est connaît le plus important déploiement de forces de l'Alliance atlantique depuis la fin de la guerre froide.
«Si la Suède rejoint l'OTAN, cela affectera nos relations de manière négative», avait ainsi affirmé Vladimir Poutine. Il avait ajouté que la Russie devrait réagir comme s'il s'agissait d'une «nouvelle menace» pour sa sécurité, après les multiples élargissements de l'OTAN, dont la présence s'est rapprochée des frontières russes au cours des années.
L'organisation militaire atlantique multiplie d'ailleurs les manœuvres dans la région. Après la Géorgie ou la mer Noire, en juin, 5 300 militaires de dix pays de l'OTAN avaient rejoint les exercices de l'«Iron Wolf» en Lituanie, dans une zone proche de l'enclave russe de Kaliningrad. D'autres manœuvres avaient eu lieu en Pologne le même mois, ou encore en Estonie en mai.