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Pour Jean-Yves Le Drian, le départ de Bachar el-Assad «n’est pas un préalable», mais…

En visite à Moscou, où il a rencontré son homologue russe, le chef de la diplomatie française est revenu sur le volet politique de la résolution de la crise syrienne. L'occasion pour le ministre français de préciser sa position.

C’est déjà la troisième rencontre entre le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et son homologue français Jean-Yves Le Drian en 2017. Les deux hommes se sont déjà vus le 20 juin à Moscou et le 6 juillet à Paris, après la rencontre du 29 mai entre Vladimir Poutine et Emmanuel Macron à Versailles. Lors de l'entrevue qui s'est déroulée à Moscou ce 8 septembre, les deux ministres ont passé en revue une vaste liste de questions : l’ouverture du «dialogue du Trianon» entre la Russie et la France, la situation en Libye, le dossier ukrainien, la crise coréenne sans oublier la Syrie.

A ce sujet, Jean-Yves Le Drian s’est tout d’abord félicité du fait que «Daesh recule considérablement», permettant ainsi d’envisager une période «après-Daesh» et l’engagement du processus politique en Syrie.

«Nous pouvons commencer la mise en œuvre du processus politique sans préalable. C'est à dire sans le préalable du départ de Bachar el-Assad», a déclaré le chef de la diplomate française.

La semaine dernière pourtant, Jean-Yves Le Drian affirmait sur les ondes de la radio RTL que la transition politique en Syrie ne pouvait pas se faire avec Bachar el-Assad.

«Il ne peut pas être la solution. La solution, c'est de trouver avec l'ensemble des acteurs un calendrier de transition politique qui permettra d'aboutir à une nouvelle Constitution et des élections. Et cette transition ne peut pas se faire avec Bachar el-Assad qui a assassiné une partie de son peuple», avait affirmé le ministre français des Affaires étrangères. Ce dernier avait ainsi clairement montré qu'il s'était replacé sur la ligne du quinquennat de François Hollande, qui exigeait clairement le départ du président syrien.

Depuis l'élection d'Emmanuel Macron, en revanche, et jusqu'à ces déclarations de son ministre, la France avait adopté une nouvelle position à l'égard du président syrien. Le nouveau chef de l'Etat avait ainsi déclaré au mois de juin qu'il ne voyait pas de «successeur légitime» au dirigeant syrien. Le président de la République avait d'ailleurs réitéré ces propos en affirmant dans les colonnes du Point, qu’il ne souhaitait pas faire du départ d’Assad «un préalable à tout».

A Moscou, RT France a voulu savoir si la Paris avait changé de position vis-à-vis du président syrien. Jean-Yves Le Drian a répondu que Bachar el-Assad n'était pas «la solution et l'aboutissement du processus politique» en Syrie. Et le ministre d'ajouter : «On ne voit pas comment la réconciliation syrienne pourrait se faire après que Bachar el-Assad a provoqué à la fois le massacre que l'on connaît et le départ de très nombreux réfugiés.»

Ce nouvel élément mis en avant par le chef de la diplomatie française confirme que la façon dont la France perçoit l'avenir de la Syrie a évolué. S'il se dit convaincu que les conditions sont réunies pour marquer les premières étapes d'un processus politique à l'occasion de l'Assemblée générale des Nations unies qui débute mi-septembre, le sort de Bachar el-Assad dans la Syrie de l'après-guerre s'est replacé au cœur des débats.

En dépit des déclarations du président Emmanuel Macron qui ont marqué une inflexion remarquée dans la position de la France sur la crise syrienne, Paris, tout en encourageant une transition politique, verrait d'un mauvais œil Bachar el-Assad être réélu à la présidence. Préalable ou pas, Bachar doit donc partir.

Regardez l'intégralité de la conférence de presse :