International

Croulant sous les plaintes et huée par des anti-immigration, Merkel défend sa politique migratoire

Visée par plus d'un millier de plaintes pour «haute trahison» déposées par des sympathisants de la droite populiste, la chancelière allemande a été huée deux fois dans la même journée alors qu'elle défendait son bilan et sa politique migratoire.

Les sympathisants et militants du parti anti-immigration et anti-islam Alternative pour l'Allemagne (AfD) ont déposé près d'un millier de plaintes contre Angela Merkel. Ils reprochent à la chancelière d'avoir ouvert les portes du pays de manière incontrôlée à plus d'un million de réfugiés en 2015 et 2016, selon le quotidien régional Mannheimer Morgen du 29 août.

Cité par le journal, Frauke Köhler, procureur fédéral de la ville Karlsruhe, qui abrite la Cour fédérale de justice, précise que ces plaintes ont été déposées pour «haute trahison». Et d'ajouter qu'elle estimait qu'elles étaient toute sans fondement.

Angela Merkel huée deux fois dans la même journée

En campagne pour un quatrième mandat de chancelière à l'issue des élections législatives qui se dérouleront le 24 septembre prochain, Angela Merkel est régulièrement critiquée lors de ses déplacements dans les régions de l'ex-Allemagne de l'Es, où la cote de l'AfD est particulièrement élevée. Le parti de droite radicale, qui lui reproche principalement sa politique de porte ouverte aux migrants, en a ainsi fait une cible privilégiée.

A Bitterfeld-Wolfen, dans l'est, le soir du 29 août, elle a ainsi été copieusement sifflée et invectivée par ses détracteurs qui ont crié des slogans demandant son départ. Située au cœur de l'ancien bassin chimique de la RDA, cette ville constitue un fief de l'AfD qui a y obtenu 31,9% des voix lors des élections régionales l'an dernier.

Plus tard, durant un autre meeting à Brandebourg-sur-la-Havel, toujours dans l'est du pays, la chancelière a également été malmenée par des manifestants, dont certains brandissaient des pancartes clamant : «Merkel doit partir !» ou encore des images montrant la chancelière portant un voile islamique sur la tête. 

Depuis l'estrade, elle a répliqué que ce n'était «pas par les cris mais en discutant» que les problèmes pourraient être résolus. Elle a par ailleurs défendu sa politique migratoire, déclarant : «Cela n'est pas, et cela ne devrait pas être une année comme 2015 [lorsque Berlin avait accueilli plus d'un million de migrants]. Nous cherchons désormais à stopper l'immigration illégale autant que possible.»

Lors de sa conférence de presse annuelle d'été, tenue un peu plus tôt à Berlin, Angela Merkel avait déclaré : «Il était important et juste que nous accueillions ces gens en détresse et nous devons trouver des structures durables à long terme [pour gérer cette population].» Elle en avait profité pour appeler à une réforme de la politique des réfugiés à l'échelle de l'UE, tout en critiquant les membres de l'Union qui refusent d'accueillir les migrants sur leur territoire.

«A ce jour, l'Europe n'a pas encore rempli ses devoirs», avait-t-elle déclaré, citée par l'agence Associated Press.

Le parti de droite radicale AfD, moribond à l'été 2015, a connu un nouvel essor à la faveur de l'arrivée de centaines de milliers de migrants, pour beaucoup venus de pays musulmans, avant de marquer le pas. 

Le parti anti-immigration est crédité de 8% à 9% des intentions de vote pour les élections législatives, après avoir culminé jusqu'à 15% en 2016.

Malgré une opposition en verve, le parti de la chancelière allemande est quant à lui soutenu par environ 37% des Allemands, selon un sondage publié le 29 août pour l'institut INSA, cité par Reuters.

Lire aussi : Angela Merkel Mohammed : le prénom d'une fille de réfugiés syriens en hommage à la chancelière