Depuis 2015, l'Europe a connu le plus grand afflux de réfugiés et de migrants depuis la Seconde Guerre mondiale. Une situation qui a pris de court plusieurs pays. Bâtiments nazis, prisons, repaires de mafieux... voici quelques lieux insolites qui ont trouvé une deuxième vie pour accueillir les candidats à l'asile.
Des anciens bâtiments nazis et le siège de la Stasi en Allemagne
Destination la plus prisée des candidats à l'immigration, l'Allemagne a dû prendre des mesures drastiques pour absorber cet afflux de personnes.
Dès 2015, le célèbre aéroport de Berlin-Tempelhof est un des rares bâtiments typiques de l'«architecture nazie» ayant survécu à la guerre. Il est désormais utilisé pour accueillir des migrants.
Construit en 1927 et élargi dans les années 1930 sous la direction de l’architecte nazi jugé à Nuremberg Alber Speer, le bâtiment était désaffecté depuis 2010 et son site servait de parc. L'intérieur du bâtiment est en capacité d'accueillir 7 000 migrants mais n'a en réalité reçu qu'environ 3 000 personnes, dont la plupart ont été relogées. Seules 600 personnes, principalement des Irakiens et Syriens vivent encore dans cet immense bâtiment.
De l'autre côté du pays, à Munich, c'est la Bayern-Kaserne, une caserne militaire rénovée par les nazis entre 1936 et 1938 pour la Luftwaffe, l'armée de l'air du IIIe Reich, qui sert aujourd'hui de centre d'accueil pour migrants.
Utilisée par les nazis jusqu'en 1945, la base a ensuite été occupée par des soldats américains de 1945 à 1969, avant d'être restituée à l'Allemagne. Contrairement à l'aéroport de Berlin-Tempelhof qui était à moitié vide, ce centre d'accueil a fait grand bruit en Allemagne pour avoir hébergé près de deux fois plus de migrants que sa capacité normale.
Des candidats à l'immigration ont aussi été logés dans l'ancienne base britannique d'Herford, restituée à l'Allemagne en 2015.
Cette base s'est aussi tristement fait connaître en juin à la suite d'un viol perpétré dans son enceinte sur une jeune fille de 10 ans par un demandeur d'asile.
Encore plus insolite, l'ancien quartier général de la Stasi (ministère de la Sécurité d'Etat, police politique est-allemande pendant la guerre froide) à Berlin, a lui aussi été réquisitionné pour y héberger des migrants.
L’immense bâtiment a employé jusqu'à 7 000 personnes à l'époque où la Stasi était dirigée par Markus Wolf, surnommé l'«Homme sans visage» par les services secrets occidentaux, car ils ne possédaient aucune photo de lui. En 1989, des manifestants avaient pris d'assaut le QG pour empêcher les agents de détruire leurs archives. Dans les années 1990 le bâtiment a servi de local pour la compagnie des chemins de fer allemands.
Aujourd'hui, plusieurs centaines de familles, principalement des Irakiens, des Syriens et des Afghans occupent le lieu.
Des cellules de prison Pays-Bas
Il y a une dizaine d'années, les Pays-Bas avaient un des taux d'emprisonnement par habitant parmi les plus hauts d'Europe. Aujourd'hui, c'est l'inverse, en raison notamment de la dépénalisation du cannabis et d'une vaste politique de réinsertion. Nombre de places de prison ainsi libérées ont été utilisées soit pour sous-traiter l'emprisonnement de détenus de Belgique ou de Norvège, soit pour accueillir des migrants.
Environ 600 migrants sont ainsi logés dans la prison de Bijlmerbajes, un complexe pénitentiaire de six tours au sud-est d'Amsterdam. Contrairement aux détenus, les migrants peuvent aller et venir dans la prison, décorer leur cellule et participer aux activités qui leur sont proposées. Au moins 12 prisons dans le pays accueillent des migrants, ce qui a aussi été présenté comme un moyen de maintenir l'activité des gardiens.
Des propriétés saisies à des mafieux en Italie
Environ 600 000 personnes, majoritairement originaires d'Afrique, sont arrivées en Italie depuis 2014. En raison de sa proximité avec l'Afrique, la péninsule italienne est en première ligne face à l'afflux de migrants. C'est ainsi qu'une vingtaine de migrants ont été logés... dans «La forteresse», une gigantesque propriété saisie par la justice italienne à un parrain de la mafia calabraise : Coco Trovato.
Plus au Sud, en Calabre, l'ONG Luna Rossa a hébergé des dizaines de mineurs non accompagnés dans l'ancienne maison d'un autre parrain local, ce qui a semble-t-il fortement déplu à ses comparses. Les humanitaires et les migrants auraient alors été intimidés par des mafieux, notamment par des tirs de balles réelles sur les fenêtres et même l'explosion d'une bombe placée à la porte de la résidence le jour de Noël 2011.