Le président américain Donald Trump a condamné les violences constatées à Charlottesville, en Virginie, le 12 août, sans se prononcer sur la responsabilité de l'un ou l'autre des camps en présence. «Nous condamnons dans les termes les plus forts possibles cette énorme démonstration de haine, de sectarisme et de violence venant de diverses parties», a-t-il déclaré depuis Bedminster (New Jersey), où il passe ses vacances.
Le 12 août, en effet, un rassemblement de mouvements américains de la droite radicale et de l'extrême droite (droite alternative ou «Alt-right», mais aussi néo-nazis, suprémacistes blancs, Ku Klux Klan) a dégénéré en violences, qui ont fait un mort et des dizaines de blessés.
Une personne a donc perdu la vie, une femme de 32 ans, lorsqu'une voiture a foncé, volontairement selon des témoins, dans une foule de contre-manifestants venus s'opposer au rassemblement. Par ailleurs, deux policiers sont morts dans l'accident de leur hélicoptère aux abords de la ville, sans qu'un lien ne soit établi entre cet accident et les violences.
Des affrontements entre manifestants des deux camps s'étaient multipliés avant même le rassemblement de Charlottesville, finalement annulé par les autorités de cette petite ville historique de l'est des Etats-Unis. «Vous ne nous remplacerez pas» ; «les juifs ne nous remplaceront pas» et «White lives matter» («les vies des Blancs comptent», en écho au mouvement «Black lives matter»), avaient notamment scandé des manifestants, comme l'avaient rapporté les quotidiens Daily Progress et Washington Post. La manifestation a rapidement dégénéré avec l'arrivée de personnes hostiles au défilé.
Une condamnation pas assez ciblée du président ?
En semblant renvoyer dos à dos manifestants et contre-manifestants, le président américain a provoqué l'indignation chez les démocrates mais aussi un malaise chez les républicains, son propre parti, certains estimant que l'origine des troubles était clairement le fait des activistes d'extrême droite.
La démocrate Hillary Clinton, battue par Donald Trump à l'élection présidentielle de 2016, l'a critiqué sans le nommer. «Chaque minute où nous permettons à cela de se poursuivre par un encouragement tacite ou par inaction est une honte et un danger pour nos valeurs», a-t-elle tweeté.
Le sénateur républicain de Floride, Marco Rubio, est lui aussi intervenu sur Twitter : «Très important pour la nation d'entendre le président décrire les événements de Charlottesville pour ce qu'ils sont, une attaque terroriste menée par des suprémacistes blancs.»
L'ex-président Barack Obama est quant à lui sorti de sa réserve en citant Nelson Mandela : «Personne ne naît en haïssant une autre personne à cause de la couleur de sa peau, ou de ses origines, ou de sa religion.»
Le FBI, la police fédérale, a annoncé l'ouverture d'une enquête sur les circonstances dans lesquelles la voiture a foncé sur la foule, tuant la jeune femme de 32 ans et blessant 19 autres personnes. Le conducteur du véhicule a été placé en garde à vue et la police traite les faits comme un «homicide criminel», selon le chef de la police de Charlottesville, Al Thomas.