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Virginie : échauffourées lors d'une marche aux flambeaux de centaines de militants suprémacistes

Plusieurs centaines de suprémacistes blancs se sont rassemblés à Charlottesville, en Virginie, munis de torches, à la veille d'une grande manifestation de nostalgiques de l'esclavagisme et de néo-nazis qui inquiète les autorités.

La scène a de quoi impressionner : quelques centaines de suprémacistes blancs ont défilé, torches enflammées à la main, dans les rues de Charlottesville, sur le campus de la prestigieuse université de Virginie, dans la nuit du 11 au 12 août. La municipalité entend en effet déboulonner une statue du général Lee, à la tête de l'armée des Etats confédérés (les Etats du Sud, esclavagistes) durant la guerre de Sécession, ce à quoi s'opposent vigoureusement les manifestants. 

«Vous ne nous remplacerez pas» ; «les juifs ne nous remplaceront pas» et «White lives matter» («les vies des Blancs comptent», en écho au mouvement «Black lives matter»), ont scandé les manifestants, comme l'ont rapporté les quotidiens Daily Progress et Washington Post

La manifestation a rapidement dégénéré avec l'arrivée de personnes hostiles au défilé. Des échauffourées ont éclaté entre les deux groupes, faisant plusieurs blessés. Au moins une personne a été arrêtée.

La présidente de l'université de Virginie, Teresa A. Sullivan, a déclaré être «attristée et choquée par le comportement haineux des manifestants suprémacistes».

«Je condamne fermement les agressions perpétrées par ces personnes, y compris sur le personnel de l'université qui tentait de maintenir l'ordre [...] Cette violence est intolérable et totalement incompatible avec les valeurs de l'Université», a-t-elle déploré dans un communiqué.

Un autre rassemblement plus important encore inquiète les autorités

Ce rassemblement nocturne était pensé comme préambule à un autre défilé, devant être bien plus important, prévu pour l'après-midi du 12 août, auquel plus de 6 000 personnes sont attendues. Baptisé «Unite the right» («Unissons de la droite»), il comprend des groupes de droite identitaire et d'extrême droite américaine, dont le Ku Klux Klan et des néo-nazis.

Le gouverneur de l'Etat américain de Virginie a appelé dès le 11 août les habitants à éviter de se rendre sur les lieux du rassemblement, pour lequel la Garde nationale a été mobilisée face aux risques de débordements.

«J'exhorte mes concitoyens de Virginie qui envisageraient de se rendre à ce rassemblement, soit pour le soutenir soit pour s'y opposer, de renoncer à leur projet», a enjoint le gouverneur démocrate Terry McAuliffe dans un communiqué. Il a expliqué que cela faciliterait la tâche de maintien de l'ordre.

«Cet événement pourrait offrir une vitrine historique de haine, en rassemblant en un seul lieu un nombre d'extrémistes inédit depuis au moins une décennie», a averti Oren Segal, directeur du Centre sur l'extrémisme de l'Anti-Defamation League (ADL), une association de lutte contre l'antisémitisme.

Le Southern Poverty Law Center (SPLC), une organisation à but non lucratif qui publie chaque année une liste des «groupes de haine» aux Etats-Unis, a qualifié le rassemblement de «plus grand rassemblement haineux depuis des décennies», ajoutant qu'il pourrait constituer «un point culminant pour la frange de l'extrême droite haineuse».

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