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«Chiites, fils de chiens» : un soldat saoudien dérape après une intervention des forces spéciales

L'Arabie saoudite a ordonné l'arrestation d'un soldat ayant eu un comportement insultant envers la minorité chiite du pays, lors de la reprise de la ville d'Awamiyah, où des insurgés s'opposaient à l'autorité du royaume.

Les forces spéciales d'Arabie saoudite ont totalement repris le contrôle de la ville chiite d'Awamiya, à l'est du royaume, au terme de trois mois de siège. Le gouvernement a annoncé le 8 août avoir délogé les insurgés armés qui y menaient une guérilla contre la monarchie wahhabite. Durant les célébrations de victoire, un membre des forces spéciales s'est filmé en train de tenir des propos insultants envers la minorité religieuse chiite, rapporte France 24.

Dans une vidéo postée sur Twitter le 8 août, un soldat filme sa visite d'une mosquée chiite dans le quartier d’al-Moussawara, l'ex-bastion des insurgés, et déclare avec mépris : «Ici, on est dans une mosquée de chiites, […] des fils de chiens». Il sort ensuite de l'édifice et filme des membres de son unité, euphoriques après la reprise de la ville, en train de danser et de se photographier autour d'un blindé. 

Le ministère de l'Intérieur a annoncé dans un communiqué avoir fait arrêter le soldat mis en cause dans la vidéo, précisant qu'une enquête était en cours et qu'une sanction allait être prononcée. 

Une autre vidéo postée sur Twitter, qui aurait été tournée dans la ville voisine d'al-Qatif, montre des soldats armés en train de danser dans une salle de cérémonie chiite en piétinant un portrait du cheikh Nimr al-Nimr, un imam chiite contestataire condamné à mort et exécuté par la justice saoudienne en 2016. 

La ville d'Awamiyah, à majorité chiite, connaît des soulèvements réguliers depuis les «printemps arabes» de 2011 de la part de séparatistes qui s'estiment persécutés, dans un pays majoritairement sunnite et pratiquant un islam wahhabite rigoriste.

Awamiyah est aussi la ville natale du cheikh Nimr al-Nimr, exécuté le 2 janvier 2016 pour «terrorisme», «sédition», «désobéissance au souverain» et «port d'armes»  par Riyad. Cette exécution avait provoqué des manifestations dans plusieurs pays musulmans et une crise diplomatique avec l'Iran, grand rival de l'Arabie saoudite au Moyen-Orient.

Des habitants terrorisés par l'opération armée

Depuis mai 2017, la ville d'Awamiyah est le théâtre d'une opération qualifiée d'«antiterroriste» par les autorités saoudiennes. En mai, des habitants de la cité avaient témoigné auprès de RT vivre dans la peur, en raison du siège instigué par les forces gouvernementales. «Vous pouvez être arrêté à n'importe quel moment, être blessé par balle ou tué, ce qui a déjà eu lieu. Des personnes ont été abattues dans cette zone», avait confié un résident, joint par téléphone.

En mai toujours, selon France 24, le royaume wahhabite avait pris la décision de raser totalement le quartier d'al-Moussawara, où les insurgés avaient pris l'habitude de se réfugier (en raison de ses ruelles étroites propices aux techniques de guérilla urbaine), et d'y construire à la place des immeubles modernes. Selon la même source, la destruction du quartier et les affrontements qui se sont déroulés depuis mai ont fait fuir près d'un tiers de la population, soit 20 000 personnes.