Des centaines de manifestants, dont une majorité de femmes, ont défilé dans la capitale turque sous haute surveillance policière le 5 août en scandant «Touche pas à mon short» et en brandissant des pancartes exhortant les Turques à «ne pas déserter les nuits, les rues et les places».
«Nous sommes dans la rue pour notre avenir, pour celui de nos enfants. A partir de maintenant, ils vont nous voir davantage dans les rues, nous les femmes», explique Rükiye Aker, une manifestante, à l'AFP.
Des manifestations similaires ont été organisées la semaine dernière à Istanbul et à Izmir, après que le surveillant d'un parc stambouliote a demandé à une jeune femme de quitter les lieux au motif qu'elle portait «une tenue inappropriée». L'employé a été suspendu et une plainte a été déposée contre lui.
En outre, plusieurs agressions de femmes ces derniers mois, notamment dans les transports en commun, ont provoqué l'indignation en Turquie. Ainsi, en juin, à Istanbul, une femme âgée de 22 ans a été frappée dans un bus par un homme qui lui reprochait d'avoir mis un short pendant le mois du ramadan. L'agresseur a défendu son geste en affirmant avoir été «provoqué».
Une affaire similaire avait déjà suscité l'indignation d'associations féministes l'année dernière, lorsqu'un homme a asséné un coup de pied au visage d'une femme de 23 ans parce qu'elle portait un short. Dans ce procès, toujours en cours, l'agresseur risque jusqu'à neuf ans d'emprisonnement.
Les défenseurs des droits des femmes accusent le gouvernement islamo-conservateur turc de créer un contexte propice à un sentiment d'impunité, même si les autorités turques condamnent régulièrement ces agressions. Les militants reprochent notamment au président Recep Tayyip Erdogan des remarques polémiques, comme l'année dernière, lorsque le chef de l'Etat turc avait estimé que les femmes étaient «incomplètes» sans enfants.