Des rails et échafaudages, récemment montés, où avaient été installées des caméras de surveillance, ont été retirés aux premières heures le 27 juillet, selon un journaliste de l'AFP. Les Palestiniens commençant à se rassembler autour du troisième lieu saint de l'islam manifestaient leur satisfaction au son de sifflets et de klaxons.
«Depuis 12 jours personne ne dort, personne n'a rien fait d'autre que de venir à l'esplanade des Mosquées», a expliqué un jeune Palestinien, Firas Abasi, qui s'est dit ému jusqu'aux larmes pour cette «victoire».
Il n'a pas encore été dit que les fidèles musulmans, qui le 26 juillet refusaient toujours d'entrer sur l'esplanade et priaient dans les rues adjacentes comme ils le font depuis plus d'une dizaine de jours, recevraient l'autorisation de pénétrer à nouveau sur le site.
Le président palestinien Mahmoud Abbas a exigé le 25 juillet un retour pur et simple à la situation d'avant le 14 juillet pour lever le gel de la coopération avec Israël.
Cependant la situation reste tendue entre Israéliens et Palestiniens autour de l'esplanade des Mosquées malgré le retrait de détecteurs de métaux controversés, le 25 juillet, et du reste des installations le 27 juillet. Et la crainte de violences lors de la grande prière du vendredi demeure.
D'autres moyens de surveillance ?
Les tensions s'étaient brusquement accentuées autour de ce site religieux situé à Jérusalem-Est après l'installation, le 16 juillet, par l'Etat hébreu, de détecteurs de métaux aux entrées de l'esplanade. Les musulmans palestiniens y avaient vu une tentative d'Israël d'augmenter son contrôle sur ce site.
Les autorités israéliennes avaient, elles, justifié ce dispositif par le fait que les assaillants qui avaient tué deux policiers israéliens le 14 juillet avaient dissimulé des armes sur ce site.
Cinq Palestiniens ont trouvé la mort la semaine dernière au cours des affrontements qui ont éclaté après l'installation des détecteurs. Trois Israéliens ont également été tués par un Palestinien dans une colonie israélienne en Cisjordanie occupée.
Dans la soirée du 26 juillet, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a annoncé qu'il voulait expulser la chaîne qatarie Al-Jazeera, l'accusant d'attiser les tensions autour des lieux saints.
Après d'intenses pressions de la communauté internationale qui craignait une escalade, Israël avait finalement accepté de retirer les détecteurs le 25 juillet. Mais le gouvernement a déclaré qu'il les remplacerait par un autre moyen de surveillance, «basé sur des technologies avancées», au grand dam des autorités musulmanes qui ont maintenu la consigne de boycott du site.
Selon le quotidien israélien Haaretz, le gouvernement israélien veut mettre en place un réseau de caméras de surveillance sophistiquées, reposant sur une technologie de reconnaissance biométrique. Une porte-parole de la police israélienne a affirmé le 25 juillet que cette dernière n'utilisait aucun type de caméra portant atteinte à la vie privée et n'avait aucune intention de le faire dans le futur.
Garantie sur le statut
Au cours d'un appel téléphonique, Mahmoud Abbas et le roi de Abdallah II de Jordanie ont insisté sur l'importance de garantir le respect du statut historique et juridique de la mosquée Al-Aqsa.
Les entrées de l'esplanade où se trouvent la mosquée Al-Aqsa et le dôme du Rocher sont contrôlées par Israël, qui l'appelle mont du Temple, le lieu le plus saint du judaïsme, mais elle est gérée par la Jordanie. Les musulmans peuvent y aller à toute heure. Les juifs ne peuvent y pénétrer qu'à certaines heures et n'ont pas le droit d'y prier.
Les autorités israéliennes assurent qu'elles n'ont pas l'intention de modifier ces règles tacites.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a salué le 26 juillet la décision d'Israël de retirer les détecteurs de métaux, mais a jugé qu'elle n'était «pas suffisante».
Israël a réagi en affirmant, dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères, que «la seule démocratie réelle dans la région» n'avait pas de «leçons de morale» à recevoir du gouvernement turc «qui a envahi le nord de Chypre, réprime brutalement la minorité kurde et emprisonne des journalistes». «Les jours de l’Empire ottoman sont révolus», a-t-il ajouté.
La Maison Blanche a elle loué «les efforts d'Israël pour assurer la sécurité tout en réduisant les tensions dans la région».