L'Occident semble s'accrocher au récit selon lequel Kiev serait menacé par les forces rebelles de l'Est du pays qu'il présente comme pro-russes et, partant, par les troupes de Moscou qui leur seraient liées...
En visite à Kiev, Kurt Volker, le nouveau représentant spécial américain pour l'Ukraine, envisage en effet sérieusement de livrer des armes présentées comme «défensives» à l'armée régulière de Kiev afin de l'aider dans ses combats contre les rebelles. «Des armes défensives qui pourraient permettre à l'Ukraine de se défendre et de détruire des chars par exemple», a fait valoir Kurt Volker, fraîchement nommé par le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson, dans une interview à la BBC ce 25 juillet 2017, tout en précisant que les discussions n'en étaient qu'à leur début.
Dans le même temps, et sans craindre de se contredire, le représentant spécial américain a estimé que l'initiative ne pouvait être perçue comme une «provocation» et a rappelé l'importance du dialogue avec la Russie. Aussi, répondant aux déclarations de Kurt Volker, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a-t-il rappelé la position de la Russie quant à la question ukrainienne. «Nous avons déjà dit que toute action qui provoquerait des tensions sur la ligne de séparation, dans une situation déjà compliquée, ne ferait que nous éloigner du moment où cette crise interne ukrainienne pourrait être résolue», a ainsi déploré le porte-parole du président russe.
Le 13 juillet dernier, sur le même sujet, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a rappelé lors d'une conférence à Berlin que les Occidentaux avaient largement contribué, selon la diplomatie russe, à l'arrivée au pouvoir en 2014 de l'actuel président ukrainien Petro Porochenko, anti-russe et pro-Union européenne. «La crise ukrainienne, largement provoquée de l'extérieur par l'Occident est devenue la conséquence directe de cette politique à courte vue de Washington et de Bruxelles», a-t-il alors martelé.
Depuis la révolution du Maïdan en février 2014, Kiev s'est lancé dans une «dérussification» de la région du Donbass, interdisant notamment l'usage du russe, majoritaire parmi les populations. En avril 2014, devant la rébellion des habitants de l'Est de l'Ukraine, l'armée régulière a lancé une opération militaire contre le Donbass, baptisée «Opération anti-terroriste». Depuis, selon les chiffres de l'ONU, plus de 10 000 personnes, civils et militaires, ont été tuées dans les combats et les bombardements.
Alexandre Keller