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Allemagne : un rapport révèle que 547 enfants ont été abusés dans un célèbre chœur catholique

Au moins 547 enfants du célèbre chœur catholique allemand de Ratisbonne ont été victimes de maltraitances, dont des viols, révèle un rapport. Celui-ci accable également la hiérarchie qui aurait protégé les coupables.

C'est en 2010 que les premières victimes sont sorties du silence : plusieurs dizaines d'anciens membres du célébrissime chœur de garçons de Ratisbonne ont fait état de violences et d'abus sexuels subis pendant plusieurs années. Ce 18 juillet, Ulrich Weber, un avocat chargé par l’Eglise de faire la lumière sur ces accusations, vient de rendre un rapport accablant : près de 547 jeunes garçons auraient subi des maltraitances, des abus sexuels, et des viols.

Le document de plus de 450 pages établit des faits d'une ampleur plus grande encore que ne semblaient le croire les victimes elles-mêmes : depuis 1945 et jusque dans les années 1990, au moins 67 «Moineaux de la cathédrale» (le surnom des membres de ce chœur d'enfant mondialement réputé) auraient subi des viols de la part d'au moins 49 adultes, parmi lesquels de nombreux encadrants, directeurs de l'internat ou employés du chœur. Mais des chiffres officieux circulent, auxquels Ulrich Weber déclare accorder un certain crédit : le nombre de victimes dépasserait les 700...

Les faits auraient atteint leur apogée dans les années 1960 et 1970. Plusieurs des enfants, aujourd'hui adultes, témoignent de la difficulté de surmonter cette épreuve et évoquent «la pire période de [leur] vie». D'autres n'hésitent pas à comparer l'atmosphère régnant au sein du chœur à celle d'«une prison, d'un enfer, d'un camp de concentration».

«La quasi-totalité des responsables du chœur étaient au moins vaguement au courant de ces cas de violence», peut-on lire dans le rapport d'Ulrich Weber, qui déplore qu'une infime minorité d'entre eux y aient accordé de l'importance, car ce serait la prestigieuse institution toute entière qui aurait couvert les faits et parfois même protégé les coupables.

Le cas délicat du frère de Benoît XVI, ancien chef du chœur

Le rapport cite le cas précis de l'ancien évêque de Ratisbonne, Gerhard Ludwig Müller, destitué il y a quelques jours du poste éminent qu'il occupait au Vatican, qui aurait entravé le bon fonctionnement de l'enquête. Cette dernière avait certes été initiée à sa demande, mais il avait à de nombreuses reprises répété que les faits de violence avaient été «montés en épingle par les médias». Sa destitution n'aurait cependant aucun lien avec la parution du rapport, assure l'avocat Ulrich Weber, le Vatican n'ayant pas eu connaissance du contenu de celui-ci.

Reste l'épineuse question du maître de chapelle de la cathédrale, qui dirigea le chœur de 1964 à 1994, un certain Georg Ratzinger, qui n'est autre que le frère... de l'ancien pape Benoît XVI. Selon le rapport d'Ulrich Weber, celui-ci n'aurait «aucunement eu connaissance des faits de violence sexuelle», mais les faits de violence physique ne lui auraient pas échappé : il aurait simplement décidé de les ignorer.

L’évêché de Ratisbonne a d'ores et déjà promis aux victimes une «prestation en reconnaissance» – une somme d'argent négociée à l'amiable en guise de dédommagement. Elle devrait être comprise entre 5 000 et 20 000 euros selon les cas. En s'appuyant sur les conclusions du rapport d'Ulrich Weber, une commission réunissant l'administration du chœur et les représentants des victimes doit se réunir prochainement à ce sujet.

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