«La Turquie a accepté de payer 2,5 milliards de dollars pour acquérir des systèmes de défense antimissile les plus avancés de la Russie», a rapporté le magazine Bloomberg le 13 juillet, citant un haut responsable turc. L'accord préliminaire (avant la signature du contrat proprement-dit) prévoit la fourniture par Moscou de deux S-400 à Ankara d'ici la fin de l’année 2018 et la production en Turquie de deux autres systèmes. D'après la même source, l’acquisition par Ankara de technologies liées à ces systèmes sophistiqués constitue l'un des points clés des négociations pour l’accord final.
La Turquie s'évertue à conclure ce marché depuis novembre 2016. Selon les informations de Bloomberg, malgré le compromis trouvé entre les deux parties, elles n’ont pas encore fixé de date pour la signature officielle du contrat final. La source du magazine précise que les deux pays sont toujours en train de discuter de certains détails de l’accord et qu'ils pourraient le signer dans plus d'un an.
Sollicité par Bloomberg, le service de presse de la société publique russe d'exportation d'armement Rosoboronexport a refusé de commenter ces informations.
Avant d’envisager d’en acheter en Russie, Ankara voulait acquérir des systèmes similaires FD200 de production chinoise, pour le montant de 3,4 milliards de dollars. Ce marché n’a toutefois pas été conclu en raison des pressions exercées sur la Turquie par les Etats-Unis, qui avaient sanctionné le producteur de missiles chinois en raison de ventes d'armes présumées à l'Iran.
Les systèmes défense antiaérienne S-400 ne sont pas compatibles avec les infrastructures de l’OTAN et la Turquie ne compte pas les y intégrer, d’après le ministre turc de la Défense, Fikri Isik. Selon la source de Bloomberg, les S-400 installés en Turquie ne seront pas équipés du système d’identification «ami ou ennemi», ce qui rendra possible leur utilisation contre toutes les cibles, sans aucune restriction.
La vente de ces S-400 à un pays membre de l’OTAN marquerait une nouvelle étape symbolique dans la réconciliation entre Moscou et Ankara. Durant près d'une année, les relations entre les deux pays s'étaient considérablement refroidies, après que l'armée turque avait abattu un avion militaire russe qui bombardait les forces de l'Etat islamique en Syrie en 2015, provoquant la mort d'un de ses deux pilotes.
Le 31 mai dernier, le président russe Vladimir Poutine avait ordonné la levée de la majorité des sanctions adoptées par Moscou à l'encontre d'Ankara depuis cet incident aérien. En juin, le président russe a déclaré que Moscou était bien prêt à livrer des S-400 à la Turquie, un contrat dont la signature prochaine avait été confirmée deux jours plus tard par le PDG de la société publique russe de production d’armement Rostech, Sergueï Tchemezov.
Le système de missiles antiaériens russe S-400 Triumph à grande et moyenne portée est capable d’abattre tout engin ou missile se déplaçant à une vitesse allant jusqu’à 4,8 kilomètres par seconde. La seule cible que le système ne peut intercepter est le type de missiles balistiques intercontinentaux se déplaçant à une vitesse de 6 à 7 kilomètres par seconde.