L'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) a voté ce 7 juillet 2017 pour déclarer la vieille ville d'Hébron, y compris la partie où sont installés les colons juifs, «zone d'une valeur universelle exceptionnelle». Le vote fait suite à une résolution présentée par les Palestiniens. Douze membres du comité réuni à Cracovie, dans le sud de la Pologne, ont voté pour l'inscription de la ville sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco, six se sont abstenus et trois ont voté contre. Alors que a vieille ville d'Hébron deviendra ainsi le troisième site palestinien à être enregistré à l'Unesco, les autorités palestiniennes ont salué une victoire diplomatique.
Une décision délirante
L'ambassadeur d'Israël auprès de l'Unesco a aussitôt dénoncé «l'un des moments les plus déshonorants» dans l'histoire de l'organisation. Le ministère israélien des Affaires étrangères a pour sa part fustigé une «souillure morale».
«La décision de l'Unesco sur Hébron et le tombeau des Patriarches est une souillure morale», a déclaré le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Emmanuel Nahshon. «L'Histoire glorieuse du peuple juif en Israël a commencé à Hébron», a-t-il encore déploré sur Twitter. Et d'ajouter : «Aucun mensonge de l'Unesco et aucune fake history n'y changera rien. La Vérité est éternelle.»
Un peu plus tard dans la journée, le Premier ministre hébreu, Benjamin Netanyahou a condamné avec force la décision de l'Unesco. «Une autre décision délirante de l'Unesco. Cette fois-ci, ils ont estimé que le tombeau des Patriarches à Hébron est un site palestinien, ce qui veut dire non juif, et que c'est un site en danger», a-t-il déclaré dans une vidéo publiée sur son compte Facebook
Selon la tradition juive, le tombeau des Patriarches abriterait en effet la dépouille d'Abraham, père des trois religions monothéistes, de son fils Isaac, de son petit-fils Jacob et de leurs épouses Sarah, Rebecca et Léa.
Hébron, point chaud de la Cisjordanie
Forte d'une population d'environ 200 000 Palestiniens, Hébron abrite également quelques centaines de colons israéliens. Ces derniers sont retranchés dans une enclave, protégée par des soldats près du lieu saint que les juifs appellent tombeau des Patriarches, la mosquée d'Ibrahim pour les musulmans.
Les Palestiniens estiment pour leur part que le site est menacé en raison d'un accroissement des actes de vandalisme contre des propriétés palestiniennes de la vieille ville. Des actes qu'ils attribuent aux colons israéliens.
Ces derniers estiment que la motion, qui qualifie cette ville d'«islamique», nierait une présence juive à Hébron estimée à quelque 4 000 ans.
Le 4 juillet dernier, lors d'un autre vote, l'Unesco avait adopté une motion condamnant la politique d'Israël dans la vieille ville de Jérusalem, suscitant déjà la colère de responsables israéliens. En mai 2017, Israël avait rejeté une résolution de l'Unesco sur le statut de Jérusalem présentant l'Etat hébreu comme une «puissance occupante», avant d'empêcher récemment des chercheurs de cette organisation d'effectuer une visite à Hébron.