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Accusations de piratage du Parti démocrate par la Russie : le New York Times fait marche arrière

Le célèbre quotidien new-yorkais a retiré ses affirmations selon lesquelles 17 agences des services de renseignements américains avaient confirmé que la Russie se trouvait derrière le piratage du Parti démocrate en 2016.

En juillet 2016, le FBI ouvrait une enquête sur le piratage des serveurs du Comité national démocrate et de la boîte mail de John Podesta, directeur de campagne d'Hillary Clinton. Quelques semaines avant, Wikileaks, le site du lanceur d’alertes Julian Assange, avait publié environ 20 000 de ses courriels. Proximité de la candidate démocrate avec les médias, mais aussi avec les banques et les multinationales américaines ou encore messages attestant de l'existence d'une taupe dans l'équipe de Bernie Sanders, rival d'Hillary Clinton pour l'investiture du Parti démocrate, les révélations ont fait mal à l’ancienne First Lady.

Très vite, la Russie a été accusée d’être à la manœuvre afin de favoriser l’élection de Donald Trump. Bien qu’aucune preuve n’ait jamais été présentée en ce sens, de nombreux médias se sont fait le relai de ces accusations. C’est le cas du New York Times.

New York Times, Hillary Clinton même combat ?

Mais parfois, le quotidien le plus célèbre de Big Apple semble s’emballer. Dernier exemple en date ? Un article intitulé «Les déflexions et démentis de Trump sur la Russie agacent même ses alliés» s’est vu… corrigé après coup.

Dans sa version d’origine, le papier écrit par la correspondante politique Maggie Haberman et publié le 25 juin affirmait que Donald Trump refusait «d’admettre que 17 agences de renseignement américaines qu’il [Donald Trump] supervise aujourd’hui avaient conclu que la Russie avait orchestré ces attaques dans le but de le faire élire».

Une correction a été ajouté à l’article le 29 juin :

Ces conclusions ont été données par quatre organismes de renseignement : le Bureau du directeur national du renseignement (DNI), la CIA, le FBI et la NSA. Ces conclusions n’ont pas été approuvées par les 17 agences de renseignement américaines.

Les détracteurs du New York Times se sont jetés sur l’occasion pour accuser le quotidien de propager des «fake news». D’autres ont vivement contesté la classification du Bureau du directeur national du renseignement, un organisme de surveillance, en tant qu’agence de renseignement.

En plus de la CIA, du FBI et de la NSA, on trouve des agences de renseignement dans ces différentes entités : le Marine Corps, United States Coast Guard, Military Intelligence Corps, l’Office of Naval Intelligence et le département de l’Energie.

L’argument des «17 agences» a été utilisé pour la première fois par Hillary Clinton elle-même au cours du troisième et dernier débat de la campagne présidentielle face à Donald Trump le 19 octobre 2016. «Nous avons 17 agences de renseignement, civiles et militaires, qui sont toutes arrivées à la même conclusion : cet espionnage, ces cyberattaques, venaient des plus hautes instances du Kremlin et visaient à influencer nos élections», avait alors lancé la candidate du Parti démocrate. Avant d’ajouter : «Je trouve cela profondément perturbant.»

Hillary Clinton se basait sur un communiqué commun du Bureau du directeur national du renseignement, chargé de superviser l’ensemble du renseignement américain et du département de la Sécurité intérieure : «L’US  Intelligence Community (USIC) affirme que le gouvernement russe se trouve derrière les récents vols de données qui ont touché des citoyens et institutions américains dont des organisations politiques».

Lire aussi : «Aucune preuve» de contacts entre Trump et Moscou, selon le Comité pour le renseignement du Congrès

Pour rappel, malgré les nombreuses enquêtes diligentées aux Etats-Unis, aucune preuve impliquant le gouvernement russe dans les piratages des données du Parti démocrate n’a été produite.

Les scandales s'enchaînent

Cette reculade de la part du New York Times a lieu alors que plusieurs des principaux médias américains ont été épinglés pour leur zèle concernant l'implication supposée de la Russie dans les vols de données du Parti démocrate ou, plus largement, la soi-disant ingérence du Kremlin dans les élections présidentielles américaines. 

Récemment, la très célèbre chaîne CNN s'est retrouvée au cœur de la tourmente. Piégé par un activiste, un cadre du réseau de télévision américain a admis que les reportages de CNN sur la Russie privilégiaient l’audience sur l’éthique. Un aveu qui succède au départ de trois journalistes après la publication d'une nouvelle «fake news» sur la Russie.

James O'Keefe, activiste conservateur à l'origine de ces révélations, a piégé John Bonifield, un producteur-réalisateur de la chaîne d'informations en continu. Ce dernier, filmé en caméra cachée, admet sans ambages que la ligne éditoriale anti-russe est avant tout destinée à faire de l'audience. «C'est essentiellement des conneries parce que nous n'avons aucune preuve irréfutable», concède-t-il.

«A mon avis, ils [CNN] n'ont rien, mais ils veulent continuer de creuser», ajoute-t-il, toujours filmé à son insu. «Nous faisons des audiences incroyables [avec la supposée ingérence russe dans l'élection de Donald Trump]», souligne le journaliste qui admet comprendre que Donald Trump dise être victime d'une «chasse aux sorcières».

Le président des Etats-Unis a rebondi sur ces révélations et n'a pas hésité à accuser les médias concernés de propager des «Fake News».  

«Ils ont pris le média des fake news CNN la main dans le sac», a-t-il lancé. «Mais qu'en est-il de NBC, CBS et ABC ? Qu'en est-il des ratés du New York Times et du Washington Post ? Ce sont tous des médias qui diffusent des fake news !», a-t-il poursuivi.