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Du gaz sarin utilisé à Khan Cheikoun selon l'OIAC, Washington accuse de nouveau Damas

Un rapport de l'OIAC affirme que du gaz sarin (ou une substance similaire) avait été employé à Khan Cheikoun. Sans attendre les conclusions de l'enquête, les Etats-Unis ont accusé la Syrie d'être responsable de cette attaque chimique présumée.

L'agence de presse AFP a pu se procurer des extraits d'un rapport confidentiel d'une mission d'enquête de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) sur l'attaque chimique présumée du 4 avril à Khan Cheikoun, en Syrie. 

«Un grand nombre de victimes, dont certaines ont succombé, ont été exposées à du gaz sarin ou à une substance similaire au sarin», affirme ce document, élaboré à partir du recueil de témoignages et de la collecte d'échantillons.

Pour des raisons de sécurité, les experts de l'OIAC ne se sont pas rendus précisément à Khan Cheikoun. Le résultat de ce rapport va néanmoins servir de base à une commission conjointe entre les Nations unies et l'OIAC, et qui doit déterminer le responsable de l'attaque présumée.

La commission conjointe de l'ONU et de l'OIAC avait déjà assuré que les forces du gouvernement syrien avaient mené des attaques au chlore en 2014 et 2015. Elle avait aussi estimé que le groupe terroriste Daesh avait utilisé du gaz moutarde en 2015.

Le rapport de l'OIAC apaisera-t-il les tensions autour de la Syrie ? 

Le département d'Etat américain a pour sa part relevé dans un communiqué que le rapport de la mission d'enquête serait remis entre les mains de la commission conjointe ONU-OIAC afin de «déterminer le responsable de l'attaque [chimique]»... tout en tirant immédiatement ses propres conclusions.

«Les faits reflètent [...] l'utilisation d'armes chimiques par le régime de [Bachar al-Assad]. Avec son utilisation continue d'armes chimiques et son incapacité à [les] détruire [intégralement], la Syrie continue de ne pas remplir ses obligations, qu'elle est tenue de respecter en vertu de la Convention sur les armes chimiques et de la résolution 2118 du Conseil de sécurité des Nations Unies», a ainsi accusé Washington, sans étayer de la moindre preuve ces allégations. 

La publication du rapport de l'OIAC a lieu alors que Washington a accusé Damas le 27 juin de préparer une attaque chimique. Le Kremlin avait jugé «inadmissibles» les menaces de représailles lancées par la Maison Blanche contre la Syrie, le ministère russe des Affaires étrangères déclarant en outre que ces accusations étaient «très probablement un signe avant-coureur d'une intervention [militaire américaine].» 

«Sans présenter aucune preuve, Washington a malheureusement de nouveau accusé le président syrien Bachar el-Assad de préparer une nouvelle attaque chimique. […] La situation ressemble à une énorme provocation militaire et informationnelle qui vise non seulement les autorités syriennes mais aussi la Russie», avait également souligné le porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova le 29 juin.

Depuis l'attaque chimique présumée de Khan Cheikhoun du 4 avril dernier, les pays occidentaux accusent Damas d'avoir utilisé des armes chimiques. Après cet incident, dont les circonstances ne sont toujours pas connues en détail, l'armée américaine avait tiré 59 missiles Tomahawk dans la nuit du 6 au 7 avril depuis deux navires américains sur la base aérienne d’Al-Chaayrate, près de Homs. 

La Défense russe s’est dite elle prête à présenter des preuves irréfutables que l’aviation syrienne avait en réalité visé un entrepôt des rebelles dans lequel étaient stockés des matériaux chimiques.

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