La décision du président égyptien de ratifier le transfert à l'Arabie saoudite de Tiran et Sanafir, deux îlots situés en mer Rouge, a été prise quelques jours après l'approbation par le Parlement égyptien de l'accord de rétrocession, qui a fait l'objet d'une longue saga judiciaire émaillée de jugements contradictoires.
Le gouvernement avait annoncé en avril 2016 un accord sur la rétrocession à Riyad de ces deux îlots inhabités, soulevant une vive controverse dans le pays et des manifestations réprimées par la police.
De nouveaux appels à manifester au cours de la semaine passée ont conduit à des dizaines d'arrestations.
Les deux camps se sont également affrontés devant les tribunaux et plusieurs jugements contradictoires ont été prononcés dans cette affaire.
Le Parlement avait approuvé le 14 juin l'accord de rétrocession à l'issue de trois jours de débats mouvementés, durant lesquels des députés de l'opposition avaient interrompu les séances en scandant des slogans dénonçant la rétrocession des deux îlots.
Le 20 juin, Abdel Fattah al-Sissi a insisté sur la nécessité de retourner les îlots à leurs «propriétaires». «Les nations sont gouvernées par des constitutions et des lois [...], et non par des caprices ou des émotions», avait-il affirmé, dans des propos relayés par la présidence.
Le 21 juin, la Haute cour constitutionnelle a suspendu tous les jugements rendus sur la rétrocession, le temps de choisir la juridiction habilitée à statuer sur ce dossier.
Pour certains Egyptiens, les deux îles ont une importance symbolique, liée aux quatre guerres ayant opposé leur pays à Israël. Situées stratégiquement à l'entrée du golfe d'Aqaba, elles permettent de contrôler l'accès au port israélien d'Eilat grâce au détroit de Tiran.
C'est la fermeture de ce détroit par le héraut du panarabisme Gamal Abdel Nasser qui avait précipité la guerre israélo-arabe de 1967, permettant à Israël d'occuper la péninsule du Sinaï, ainsi que les deux îles stratégiques. L'accord de paix de Camp David signé en 1979 par les deux belligérants avait autorisé l'Egypte à récupérer ses territoires, mais interdit d'y stationner des troupes.
Les autorités justifient la rétrocession en expliquant que les deux îles, situées près de la pointe sud de la péninsule du Sinaï, appartenaient à l'Arabie saoudite mais que Riyad avait demandé en 1950 au Caire d'en assurer la protection.