Selon le procureur général qatari Ali bin Fetais al-Marri il est «très clair» que le piratage de l'agence de presse nationale Qatari state news agency (QNA), survenu le 23 mai dernier, est l'œuvre de «pays voisins», qui seraient par ailleurs «responsables du blocus» de l'émirat. Le magistrat a ensuite précisé que ces mêmes pays utilisaient la diplomatie pour isoler politiquement et économiquement Doha.
«Nous avons des preuves montrant que des iPhones dans les pays qui nous imposé un blocus ont été utilisés dans ce piratage», a-t-il déclaré, avant d'ajouter que la Qatar avait suffisamment de preuves pour les accuser. Il a ensuite promis de publier une liste de numéros de téléphones impliqués «très rapidement».
Si il n'a cité aucun Etat en particulier, le procureur général a précisé que l'émirat avait «envoyé les informations aux pays concernés» et qu'il attendait leur réponse.
Le piratage de l'agence de presse officielle qatarie avait attisé des tensions déjà fortes entre l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Bahreïn et l'Egypte qui ont rompu leurs relations diplomatiques avec le Qatar début juin. Ces Etats reprochent notamment au Qatar de soutenir le terrorisme et des organisations islamistes comme la confrérie des Frères musulmans et Al-Qaïda qui déstabiliseraient la région. Ils lui reprochent aussi une volonté de se rapprocher de l'Iran, principal rival de Riyad dans la région.
Le Qatar avait quant à lui dénoncé l'action de pirates informatiques qui avaient publié des propos faussement attribués à l'émir Tamim ben Hamad Al-Thani sur le site internet de son agence de presse officielle. Dans ces fausses déclarations, l'Emir du Qatar aurait critiqué la rhétorique anti-iranienne de l'Arabie Sahoudite et parlait favorablement du groupe chiite libanais Hezbollah ainsi que du Hamas. Il aurait ensuite dit du président Donald Trump que ce dernier ne finirait pas son mandat.
La chaîne de télévision américaine CNN avait annoncé le 7 juin que des sources anonymes du FBI accusaient des hackers russes d'être à l'origine du piratage. Mais le FBI n'avait pas confirmé. La Russie avait démenti en exprimant une certaine lassitude et Andreï Kroutskikh, le conseiller de Vladimir Poutine pour la cybersécurité avait alors déclaré : «C'est toujours la même rengaine, il y a, comme à chaque fois, zéro preuve et les conclusions sont tirées avant même que l'enquête soit menée.»
L'agence américaine aide officiellement le Qatar a identifier les sources du piratage.
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