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«Brûlez-la vive !» : Une journaliste américaine témoigne des violences des manifestants au Venezuela

Une journaliste américaine couvrant les mobilisations de l'opposition vénézuélienne à Caracas a dénoncé les violences commises contre les journalistes refusant de se plier aux exigences des manifestants.

Abby Martin, journaliste pour la chaîne de télévision sud-américain TeleSUR, a couvert les manifestations violentes de l'opposition dans la capitale du Venezuela. 

«Dans la presse occidentale, la seule version qui est entendue est celle qui affirme que les forces du président Nicolas Maduro assassinent en masse des manifestants pacifiques. La réalité sur le terrain est très différente. Il y a des milliers de gens qui manifestent pacifiquement pour, ou contre le gouvernement», a déclaré la journaliste à RT. 

Néanmoins, certains manifestants de l'opposition s'impliquent dans des actions violentes, ce qu'elle a pu constater de ses propres yeux. 

«Ils attaquent les forces de police avec des cocktails Molotov et des explosifs. Et ce sont les mêmes personnes qui attaquent les hôpitaux, et qui commettent des assassinats politiques», a-t-elle affirmé. 

Son travail sur le terrain lui a valu d'être elle-même la cible de violences et de menaces de la part de manifestants anti-Maduro. «Nous faisions notre travail de journaliste et le résultat a été un lynchage, des menaces de mort... Je n'ai jamais reçu autant de menaces de mort de ma vie. La foule scandait : "Lynchez-la, lynchez-la, brûlez-la vive"», a-t-elle révélé. «A la seconde où vous essayez de contredire leur version, ils menacent de vous tuer», a-t-elle poursuivi, expliquant que les reporters étaient suspectés d'être des espions infiltrés afin d'aider le gouvernement à arrêter les manifestants.

Abby Martin, qui a travaillé plusieurs années chez RT, a ainsi évoqué le cas d'Adriana Sivori, une consœur journaliste de TeleSUR, visée par des jets de cocktails Molotov et blessée le 5 juin par un tir d'arme à feu en provenance des rangs des manifestants, heureusement stoppé par son gilet pare-balle. 

L'opposition accuse le président Maduro de mener «une répression sauvage» des manifestations quasi-quotidiennes à son encontre. Depuis le 1er avril et le début du mouvement de protestation, 66 personnes ont trouvé la mort et plus de 1 000 autres ont été blessées.

Nicolas Maduro, dont le mandat court jusqu'à fin 2018, accuse les Etats-Unis de soutenir et financer les manifestations de l'opposition en vue de fomenter un coup d'Etat.

Ce mouvement de protestation survient dans un contexte d'effondrement économique de ce pays producteur de pétrole, affaibli par la chute des cours du brut, ce qui se traduit par de graves pénuries et une inflation galopante.

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