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Une émission de France 24 sur la contestation populaire interdite au Maroc

Une émission en arabe de France 24 a été annulée par les autorités au Maroc, faute d'autorisation de tournage dans le pays, où la chaîne d'information reste normalement accréditée, a-t-on appris de sources concordantes.

L'émission Hadith al Awassim de France 24, prévue le 9 juin et qui devait être consacrée au mouvement de contestation populaire dans le nord du pays, «n'a pas formulé à l'avance de demande d'autorisation de tournage, en violation de la procédure habituelle»a déclaré à l'AFP un responsable au ministère de la Communication, Abdelilah Tahani. Et c'est officiellement pour cette raison qu'elle a été déprogrammé selon la même source. 

«C'est la seconde fois en deux ans que les autorités interdisent cette émission qui s'apprêtait à tourner quasi clandestinement», a ajouté Abdelilah Tahani. «Aucune autre décision n'a été prise à l'encontre de France 24, qui reste une chaîne normalement accréditée au Maroc, avec un correspondant sur place», a-t-il assuré.

Interrogé par l'AFP, le correspondant francophone de France 24 a confirmé continuer à travailler normalement.

Dans un communiqué, France 24 s'est «étonnée de nouvelles procédures d'autorisations de tournage qui l'ont conduite à annuler l'enregistrement de son magazine mensuel au Maroc Le Débat des Capitales, émission hebdomadaire itinérante de France 24 en arabe».

«France 24 a été contrainte d'annuler son tournage faute d'accréditation», ceci «malgré la livraison dans l'urgence aux autorités marocaines de tous les documents requis », selon la chaîne, qui déplore «certaines rumeurs propagées autour de ce tournage annulé». 

«La loi a changé et nous n'en avons pas été informé», a également déclaré à l'AFP Marc Saikali, directeur de France 24, précisant qu'il allait demander les nouvelles accréditations. «Je ne désespère pas de trouver un moyen de nous entendre avec le Maroc, avec qui on a de nombreux partenariats», a-t-il poursuivi.

«France 24 est un média toujours accrédité auprès des autorités marocaines, et il le restera», a commenté de son côté Abdelilah Tahani.

Dans un communiqué publié plus tard, le ministère de la Culture et de la Communication marocain a de nouveau démenti les informations relayées au sujet d'une décision du ministère d’interdire France 24 d'exercer de façon définitive au Maroc, affirmant que ces informations «ne sont ni justes, ni précises». «Le correspondant de France 24 accrédité au Maroc continue d'accomplir son travail de façon normale et en toute liberté sur l'ensemble du territoire national», selon ce communiqué.

«Il se pose en revanche un problème pour France 24 en langue arabe, qui fait appel à une société prestataire de services et dont le correspondant n'est donc pas lié directement à la chaîne», a expliqué Abdelilah Tahani, critiquant par ailleurs sa couverture en arabe des manifestations dans la région d'Al-Hoceïma. «Nous avons des réserves sur cette couverture, que nous jugeons déséquilibrée et non professionnelle», a accusé ce responsable, affirmant qu'elle «port[ait] atteinte à l'image du royaume».

Forte mobilisation populaire

Cette polémique s'inscrit dans un contexte particulier marqué par un mouvement de contestation dans le Rif, dans le nord du pays, depuis le mois d'octobre 2016. Pour répondre aux revendications, l'Etat marocain a relancé ou accéléré une série de projets d'infrastructures. Parallèlement la police a procédé depuis le 26 mai à plus d'une centaine d'arrestations, qui ont renforcé l'effervescence dans la rue.

Ce mouvement populaire est né à la suite du décès de Mouhcine Fikri, mort broyé dans une benne le 28 octobre 2016 alors qu'il tentait de sauver sa marchandise confisquée.