Dans le premier épisode du documentaire d'Oliver Stone sur le président russe qui sera diffusé le 19 juin sur la chaîne américaine Showtime, Vladimir Poutine dénonce les agissements américains en faveur de groupes islamistes, et les conséquences désastreuses parfois non-anticipées de ces politiques.
«La naissance d'Al-Qaïda n'est pas de notre fait. Elle est liée aux activités de nos amis américains. Tout ceci a commencé lors de la guerre d'Afghanistan menée par l'Union soviétique, lorsque les services américains ont soutenu différents mouvement fondamentalistes musulmans dans leur lutte contre les troupes soviétiques en Afghanistan», a déclaré Vladimir Poutine à Oliver Stone, ajoutant que le camp américain avait «nourri d'eux-mêmes al-Qaïda et Oussama ben Laden».
Washington aurait dû prévoir que soutenir les islamistes aurait des conséquences néfastes pour eux, a estimé le président russe. «Cela se passe toujours comme ça. Notre partenaire américain aurait dû être au courant», a-t-il déclaré.
Néanmoins, le dirigeant a rappelé que Moscou avait soutenu les Etats-Unis après les attentats du 11 septembre. En solidarité, la Russie a même annulé des exercices militaires qui devaient se tenir quelques jours après les attaques. «Dans ce genre de situation, les victimes ont besoin d'un soutien moral et politique. Nous avons voulu montrer ce type de soutien», a révélé Vladimir Poutine.
Quand la CIA qualifiait le terrorisme tchétchène d'«opposition»
Vladimir Poutine a accusé les Etats-Unis d'avoir encouragé publiquement et d'avoir financé sous le manteau des groupes islamistes dans le nord du Caucase durant les deux guerres de Tchétchénie, assurant que la CIA était en contact avec les terroristes qu'elle considèrait comme une «opposition» à Moscou.
«Si nous parlons de soutien politique, il n'y a pas besoin de fournir de preuve. Cela a été fait publiquement, de manière ouverte. Et si nous parlons de soutien financier, nous possédons des éléments que nous avons déjà fourni à nos collègues américains», a déclaré le président russe.
Après avoir alerté George Walter Bush concernant ce soutien américain, Moscou a reçu un courrier de la CIA stipulant que l'organisation estimait «avoir le droit de maintenir des relations avec tous les représentants de l'opposition». Pour Vladimir Poutine, «il était évident qu'il ne s'agissait pas [seulement] de groupes d'opposition mais aussi d'organisations terroristes».
«La politique américaine sur la Russie n'est pas tournée vers l'avenir»
Abordant la problématique des relations bilatérales actuelles entre les Etats-Unis et la Russie, le président russe a assuré que si la stratégie américaine visait à déstabiliser son économie et à renverser son gouvernement, celle-ci ne serait que court-termiste.
«Je pense que c'est une mauvaise politique car ces relations avec la Russie ne sont pas tournées vers l'avenir. Les gens qui pensent comme ça ne voient pas plus loin que les 23-50 prochaines années», a déclaré Vladimir Poutine, ajoutant que toute tentative de «vassalisation» de la Russie aurait des conséquences néfastes.
«Dans une telle situation, où un homme ou un pays commence à faire des erreurs... L'Etat commence à défaillir, les erreurs s'enchaînent. C'est le piège dans lequel, je crois, sont tombés les Etats-Unis», a-t-il conclu.
Lire aussi : Le nouveau film d’Oliver Stone donne la parole à Vladimir Poutine