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Au Japon, moins de 20% des crimes et délits commis par des soldats américains seraient jugés

La forte présence militaire américaine au Japon suscite des tensions parmi la population, d'autant que les soldats américains semblent jouir d'une relative impunité. A Okinawa, ces derniers seraient même responsables de 75% des crimes et délits.

Le Japon est-il une zone de non-droit pour les militaires américains qui y sont stationnés ? D'après le Comité japonais pour la paix cité par L'Humanité, à peine 16,9% des infractions au code pénal japonais commises par des soldats américains sur l'archipel ont fait l'objet d'un jugement en 2016. 

Au cours des dix dernières années, toujours selon le Comité japonais pour la paix, plus de 80% des infractions commises par des militaires américains au Japon n'ont donné lieu à aucune poursuite ou condamnation.

A Okinawa, archipel du Pacifique rétrocédé par Washington à Tokyo en 1972, les chiffres sur l'insécurité liée à la présence américaine sont accablants : dans cette seule province, près de 6 000 crimes et délits ont été perpétrés par des militaires américains depuis 1972, dont près de 571 sont considérés comme «graves», toujours selon les chiffres rapportés par L'Humanité. Les soldats américains représentent 4,2% de la population d'Okinawa mais sont responsables, d'après les chiffres du Comité japonais pour la paix, de plus de 75% des délits et crimes commis. 

Cette situation donne lieu à de vives tensions au sein de la population. L'an passé, une jeune fille de 12 ans avait été violée et assassinée par un ancien marine, suscitant la colère de la population nippone. Près de 65 000 personnes s'étaient rassemblées à Naha, chef-lieu d'Okinawa, pour exiger le départ des quelque 16 000 soldats américains stationnés dans la province – plus de deux tiers des effectifs déployés par l'armée américaine au Japon. Parmi les mots d'ordre des manifestants : l'annulation de l'accord entre Washington et Tokyo permettant aux tribunaux américains de juger eux-mêmes les faits commis à l'intérieur des bases militaires sur le sol japonais.

A Okinawa, l'opposition à la présence militaire américaine, très majoritaire parmi la population, constitue l'un des sujets politiques majeurs depuis plusieurs décennies. Le gouverneur de la province, Onaga Takeshi, s'oppose frontalement au Premier ministre japonais, Shinzo Abe, favorable à la construction d'une nouvelle base américaine sur l'archipel et partisan d'une remilitarisation du pays, dont la constitution précise pourtant qu'il «renonce à jamais à la guerre». Plus de 35 000 militaires américains sont présents au Japon, l'archipel constituant l'un des points stratégiques pour les Etats-Unis dans le Pacifique, notamment pour endiguer l'influence chinoise et surveiller les activités nord-coréennes.

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