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Assiégée par l'armée saoudienne depuis neuf jours, une ville chiite vit dans la terreur (IMAGES)

Théâtre d'une opération «antiterroriste», la ville chiite d'Awamiyah, en Arabie saoudite, est assiégée par les forces gouvernementales depuis plus d'une semaine. Des témoins ont confié à RT que des habitants avaient été tués.

Que se passe-t-il dans la ville saoudienne d'Awamiyah? Si Donald Trump doit se rendre en Arabie saoudite le 20 mai pour son premier voyage officiel à l'étranger, les médias ne semblent pas s’intéresser au sort de cette ville saoudienne majoritairement peuplée par des chiites. 

Pourtant, et selon des témoignages de première main recueillis par RT, la cité se trouve en état de siège depuis le 10 mai. Personne ne peut y entrer ou en sortir depuis le déclenchement d'une opération militaire qualifiée d'«antiterroriste» par les autorités saoudiennes.

Selon les dernières données de l'European-Saudi Organization for Human Rights (Esohr), trois personnes seraient mortes et plus de 25 Saoudiens auraient été blessés au cours de raids menés par le gouvernement. De plus, l'Esohr a affirmé que des centaines de familles auraient été expulsées de leurs maisons. Une dizaine d'habitations, ainsi qu'une cinquantaine de voitures, auraient été incendiées.

Les autorités ont affirmé dans un communiqué publié le 12 mai dernier que des heurts avaient éclaté après que des «terroristes» non identifiés ont tiré sur des travailleurs qui devaient mettre en oeuvre un projet controversé de rénovation des quartiers historiques de la ville.

Sous couvert d'anonymat, un habitant a pour sa part déclaré à RT que les 25 000 résidents de la cité, pour la plupart de confession chiite, vivaient dans la peur. «Vous pouvez être arrêté à n'importe quel moment, être blessé par balle ou tué, ce qui a déjà eu lieu. Des personnes ont été abattues dans cette zone», a expliqué un autre habitant, joint au téléphone par RT.

«Toutes les entrées d'Awamiyah sont fermées par des checkpoints. Vous ne pouvez pas entrer ou sortir de la ville», a-t-il ajouté, précisant que des affrontements se déroulaient jour et nuit dans la cité. Selon lui, la plupart des magasins ont dû fermer, les habitants étant trop effrayés pour sortir de chez eux.  

Un témoin déclare à RT que Riyad cherche à briser toute forme de contestation

Bâtiments démolis, murs défigurés par des trous béants, voitures incendiées : des images et des vidéos ont par ailleurs été diffusées sur les réseaux sociaux, levant le voile sur la situation dramatique que connaissent les habitants d'Awamiyah. 

Selon ces témoignages, les ambulanciers, les pompiers et même les éboueurs ne peuvent plus circuler librement dans la ville. D'autres personnes ont filmé et relevé la présence de véhicules blindés et de bulldozers.  

RT n'a pas pu vérifier ces informations car il est impossible d'accéder à la ville, coupée du monde extérieur. De plus, la plupart des habitants refusent de parler ouvertement aux médias étrangers, craignant des mesures de représailles.

Un témoin anonyme a estimé que l'objectif des autorités saoudiennes était de réduire au silence le symbole représentée par Awamiyah, épicentre des protestations émanant de la minorité chiite dans le royaume wahhabite. «Je crois que le gouvernement saoudien veut enseigner à ses citoyens, et en particulier aux [habitants de la ville], que leurs demandes [...] ne seront pas obtenues par la contestation», a-t-il ajouté.    

Awamiyah est aussi la ville natale du religieux chiite contestataire, le cheikh Nimr al-Nimr, exécuté le 2 janvier 2016 pour «terrorisme» par le régime saoudien. Son exécution avait provoqué des manifestations dans plusieurs pays musulmans et une crise diplomatique avec l'Iran, grand rival de l'Arabie saoudite au Moyen-Orient.

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