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Philippines : l'opposition échoue à destituer Rodrigo Duterte pour «crime contre l'humanité»

Les parlementaires philippins ont rejeté une plainte visant à destituer le président Rodrigo Duterte. Depuis l'élection de ce dernier fin mai 2016, des milliers de personnes ont été exécutées dans le cadre de la guerre contre la drogue.

«Cette plainte était frivole. Comment agir quand une plainte n'a aucun fondement ?», a déclaré ce 15 mai à la presse le président de la commission parlementaire Reynaldo Umali, membre du parti du controversé président philippin Rodrigo Duterte.

La commission de justice du Congrès n'a donc pas perdu de temps pour balayer cette plainte visant à la destitution du bouillonnant président philippin. En effet, dès sa première journée d'auditions sur la question, une grande majorité de députés de la commission a voté pour un texte jugeant l'accusation «insuffisamment fondée». Ce vote met de fait un terme à la procédure de destitution. Les opposants au président reconnaissaient eux-mêmes que ses chances de succès étaient minces étant donné la majorité dont bénéficie le président à la chambre basse du Congrès.

Dans cette plainte, l'opposition accusait Rodrigo Duterte d'avoir institué une politique de meurtres extrajudiciaires ayant causé plus de 8 000 morts dans les huit premiers mois de son mandat. La chambre des représentants doit encore approuver la décision de la commission en séance plénière, mais les commentateurs politiques comme les représentants expliquent qu'elle n'a aucune chance d'être rejetée.

«Nous n'avons nulle part où aller [mais] nous trouverons le moyen d'obtenir justice», a déclaré Gary Alejano, parlementaire de l'opposition à l'origine de la procédure.

Rodrigo Duterte, 72 ans, avait remporté la présidentielle philippine fin mai 2016 en promettant une vague de répression sans précédent contre le trafic de drogue qui aurait résulté en des dizaines de milliers de morts. La police a annoncé avoir abattu environ 2 700 personnes depuis sa prise de fonction fin juin. Plus de 1 800 autres ont été tuées dans des incidents liés au trafic de drogue par des meurtriers non identifiés. Environ 5 700 autres décès violents font l'objet d'une enquête, selon les chiffres de la police.

Lors de l'examen à Genève de la situation aux Philippines par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU, des diplomates de tous les continents ont condamné la semaine dernière les milliers de morts de la campagne antidrogue.

Le représentant du Canada a ainsi demandé à Manille de «mettre un terme aux exécutions extrajudiciaires, aux disparitions, aux arrestations illégales, aux tortures et au harcèlement». Rodrigo Duterte bénéficie néanmoins du soutien de nombreux Philippins, ainsi, à l'international, de celui de la Chine et d'autres pays asiatiques.

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