Alors qu'il expliquait à son homologue italien comment il devait s'y prendre quand il vivait aux Etats-Unis pour situer son pays aux Américains – et passer outre leurs lacunes géographiques et géopolitiques – le ministre tunisien des Affaires locales et de l’Environnement, Riadh Mouakher, a créé un tollé dans son propre pays comme chez son voisin algérien.
«Les Américains me demandaient d'où je venais ? Je leur disais la Tunisie. Eux me disaient "Tunisia ? Indonesia ?" Ils étaient confus et me demandaient : "où c'est ?"»
«A côté de la Libye ? A l'époque le pays était perçu un peu comme un pays terroriste», a poursuivi le ministre, avant de tenir les propos qui ont mis le web en ébullition : «L'Algérie était communiste [...] Pour sortir de ce dilemme je disais donc c'est en-dessous de l'Italie.»
Comme il l'a justifié sur sa page Facebook, son intention n'était que d'expliquer qu'il était contraint de situer la Tunisie sous l'Italie aux Américains, afin d'éviter une situation embarrassante dans laquelle il aurait eu à citer son voisin libyen, que ces derniers considèrent comme un Etat terroriste, ou son voisin algérien, qu'ils pensaient communiste dans les années 1990.
Si Alger n'a pas officiellement réagi, le manque de diplomatie de l'anecdote passe très mal dans certains médias algériens. Le site Algérie patriotique y voit, par exemple, «une tradition qui veut que l’on morde la main qui vous nourrit», alors que TSA-Algérie la compare à une déclaration de Nicolas Sarkozy qui avait fait polémique en 2015 : «La Tunisie est frontalière avec l’Algérie, avec la Libye, ce n’est pas nouveau, vous n’avez pas choisi votre emplacement.»
L’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) est de son côté montée au créneau le 6 mai, pour dénoncer les propos «irresponsables» de Riadh Mouakher. «Les dernières déclarations du ministre des Affaires locales et de l’Environnement en Italie portent atteinte aux pays frères, l’Algérie et la Libye», a jugé l’UGTT dans un communiqué. Le parti tunisien islamo-conservateur Ennhadha, première force politique du pays à l'Assemblée, a également vivement condamné ses propos.
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