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Polémique en Finlande autour du financement de la plus grande mosquée du pays par Bahreïn

Soutenue par le gouvernement, qui concède toutefois qu'elle pourrait poser «des risques sécuritaires», la construction d'une mosquée à Helsinki est vivement rejetée par le nouveau maire de la ville. La polémique ne s'estompe pas.

La construction d'une grande mosquée dans la ville d'Helsinki suscite d'intenses débats au sein de la classe politique finlandaise. Autorisée avec enthousiasme par le gouvernement, son financement par Bahreïn, une monarchie du Golfe, soulève de nombreuses questions. 

«C'est un projet aux nombreux aspects positifs», a expliqué Tarja Mankkinen, ministre finlandaise de l'Intérieur citée par Middle East Eye, le 2 mai. Le complexe Oasis, qui doit s'étendre sur environ 1 800 mètres carrés et dont l'ouverture est prévue pour 2024, doit non seulement fournir aux musulmans un lieu de culte, mais également servir de centre culturel islamique à destination de tous les habitants de la ville. 

S'il est soutenu par le gouvernement, le projet a néanmonis suscité de vives oppositions à l'échelle de la ville, notamment au cours des élections municipales qui ont eu lieu en avril dernier. Issu de la majorité [de droite] sortante, le nouveau maire, Jan Vapaavuori, avait fait de son opposition à ce projet l'un de ses principaux thèmes de campagne. «Je ne crois pas qu'Helsinki ait besoin d'une telle mosquée», avait-il signalé au Helsinki Times

A l'approche de son entrée en fonction, le 1er juin, Jan Vapaavuori a réitéré sa détermination à s'opposer à la construction du centre Oasis. Le fait que le public ait pris connaissance en mai du coût de la construction du bâtiment, 140 millions d'euros financés par le royaume de Bahreïn, semble l'avoir d'ailleurs conforté dans sa position. Le gouvernement finlandais, de son côté, ne nie pas que «le rôle des acteurs qui financent la mosquée et ses activités pourrait révéler un risque sécuritaire s'il avait pour effet de diminuer le sentiment d'appartenance à la société finlandaise au sein de la population musulmane», comme l'a concédé la ministre Tarja Mankkinen.

«Le financement fait débat, bien que nous n'ayons pas même encore entrepris les travaux», avait déploré fin mars Pia Jardi, responsable de la construction de la grande mosquée, dans un article sur son blog. Face aux doutes concernant les motivations du royaume de Bahreïn, elle assurait que «les règles [que suivra la mosquée] interdisent les prêches radicaux». «La mosquée sera dirigée par des musulmans finlandais et ils exerceront en finnois», avait-t-elle également précisé.

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