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«Nous ne sommes pas la burqa» : polémique après la déclaration du ministre de l'Intérieur allemand

Thomas de Maizière a énoncé dix points qui, selon lui, constituaient la culture de référence allemande à laquelle devait souscrire les immigrés s'installant en Allemagne. Ses propos, notamment ceux sur la burqa, ont déclenché une vive polémique.

L'Allemagne est agitée depuis plusieurs jours par une polémique après que le ministre de l'Intérieur, Thomas de Maizière, a tenu des propos controversés au cours d'un entretien accordé le 30 avril dernier à l'hebdomadaire Bild am Sonntag. Le ministre, membre de l'Union chrétienne démocrate (CDU) d'Angela Merkel, a livré sa vision de ce que devait être la «culture de référence» en Allemagne.

«Lorsqu'on est sûr de sa culture de référence, on est fort», a expliqué Thomas de Maizière, qui était interrogé sur la question de l'intégration des immigrés installés en Allemagne. Selon lui, si la culture allemande «guide les Allemands, au sens noble du terme, alors elle pourra avoir un effet conséquent sur les autres, y compris ceux qui viennent chez nous et s'y installent». 

Qu'est-ce que la culture allemande de référence ? A cette question, le ministre a répondu de manière assez nette, livrant les dix points qui, selon lui, définissent celle-ci, tout en précisant qu'il ne s'agissait pas d'éléments juridiques mais de «règles non-écrites de vivre ensemble». «Nous sommes une société ouverte où l'on montre son visage : nous ne sommes pas la burqa», a-t-il par exemple estimé. «La religion est le ciment et non la pierre angulaire de notre pays», a-t-il ajouté, citant également «les clochers d'églises qui jalonnent nos paysages», l'«attachement à une vision du couple sans violence», le principe de «défense des minorités» ou encore «le respect et la tolérance».

L'opposition vent debout contre les déclarations du ministre de l'Intérieur

En Allemagne, où la question de l'identité nationale se révèle bien souvent épineuse, les propos de Thomas de Maizière ne sont pas passés inaperçus dans l'opposition. «La culture de référence allemande c'est la liberté, l'égalité et de bons rapports entre citoyens, comme écrit dans la Constitution», a affirmé Martin Schulz, candidat du Parti social-démocrate (SPD) et concurrent d'Angela Merkel aux élections fédérales de l'automne prochain, au Süddeutsche Zeitung. Il a notamment reproché à Thomas de Maizière un discours «droitisé» à l'approche des élections.

Du côté des Verts, les déclarations du ministre ont été dénoncées comme «empoisonnées dès le début par une rhétorique populiste de droite», dans un communiqué du parti. «Au lieu de pérorer pour la centième fois au sujet de la culture de référence, le ministre de l'Intérieur ferait mieux de s'assurer que les prédicateurs de haine financés par Erdogan ne prêchent plus dans les mosquées allemandes», a pour sa part estimée Sahra Wagenknecht, présidente du groupe de gauche radicale Die Linke au parlement allemand.

Le parti Alternative für Deutschland (AfD) a réagi par la voix de sa présidente, Frauke Petry, qui s'est exprimée sur Twitter : «Le modèle de Maizière : torpiller la culture allemande de référence pendant son mandat, et jouer le grand défenseur de la culture deux semaines avant l'élection.» En forte baisse dans les sondages, l'AfD craint de voir la CDU récupérer à son profit les questions identitaires dont elle avait fait le cœur de son programme.

La course à la chancellerie a déjà commencé outre-Rhin à plusieurs mois des élections fédérales auxquelles Angela Merkel est candidate pour un quatrième mandat, avec une confortable avance dans les sondages. Depuis l'arrestation, le 30 avril dernier, d'un militaire allemand se faisant passer pour un réfugié syrien et soupçonné de préparer un attentat contre des étrangers, la campagne a pris un virage net, plaçant les questions de sécurité et d'identité nationale au cœur du débat.

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