18 personnes auraient péri dans une attaque turque lancée en Syrie contre des Unités de protection du peuple kurde (YPG), près de la ville d'Al-Malikiyah, le 25 avril. «Quinze combattants des YPG et trois membres d'un centre médical ont été tués», précise cette source citée par l'AFP.
Si ces chiffres étaient avérés, il s'agirait d'une des attaques les plus meurtrières menée par la Turquie contre les YPG. La milice kurde a confirmé des victimes mais sans donner de bilan, ajoutant que les raids nocturnes avaient visé «une base qui abrite un centre de communication pour les médias et des installations militaires».
Les Kurdes syriens appellent la coalition internationale à faire cesser les raids turcs
Après ces frappes, les forces syriennes kurdes ont appelé la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis à faire cesser les raids turcs. «Il est impensable que nous combattions sur un front aussi important que Raqqa et qu'au même moment les avions turcs nous attaquent dans le dos», a déclaré un commandant des YPG visée par ces raids. «Nous demandons à la coalition d'intervenir pour faire cesser les violations turques et l'appui indirect de ce pays à Daesh», a-t-il confié à l'AFP.
De plus, Redur Khalil, porte-parole des YPG, qui effectuait une visite avec un officier américain sur le lieu de l'attaque, a menacé : «Les YPG ne resteront pas silencieux face à cette attaque et se réservent le droit de se défendre et de venger [leurs] martyrs».
La coalition «a une énorme responsabilité et doit assumer son obligation de protéger cette zone, car nous sommes partenaires dans la lutte contre Daesh», a ajouté le porte-parole.
La veille de ces frappes, les Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance arabo-kurde composée en grande partie de membres des YPG, étaient entrées dans la ville de Tabqa. Cette dernière est un verrou important sur la route de Raqqa, «capitale» de Daesh en Syrie, dont la reconquête est un objectif affiché de la Turquie. Reste qu'Ankara souhaite l'atteindre avec l'aide de ses alliés, dont les YPG ne font pas partie.
La Turquie considère en effet cette milice kurde syrienne comme une alliée du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), sa bête noire. Le PKK affronte en effet les autorités turques, sous forme de guérilla, depuis 1984. A sa création, ce parti réclamait l'indépendance des territoires majoritairement peuplés de Kurde situés au sud-est de la Turquie. Aujourd'hui, le PKK exige une autonomie culturelle au sein d'un système fédéral turc plus large et l'amnistie pour ses combattants.
En Irak, six Peshmergas tués «par accident»
Le 25 avril toujours, dans le nord de l'Irak, l'armée de l'air turque a mené un raid contre la milice des Unités de protection des Yézidis (YBS), alliée du PKK et farouche ennemie de Daesh. Six membres des forces kurdes irakiennes, les Peshmergas, ont été tués par erreur dans l'opération.
«La mort de ces Peshmergas est regrettable et le raid des avions turcs contre eux est inacceptable», ont tout d'abord déclaré les forces de sécurité kurdes irakiennes dans un communiqué. Mais elles rejettent la responsabilité de cette bavure sur le PKK et sa présence dans la région. Selon le général Jabbar Yawar, un Peshmerga, l'armée de l'air turque qui a frappé plusieurs positions sur le mont Sinjar, visait les YBS.
Une information confirmée par le porte-parole des Unités de protection de Yézidis, pour qui l'aviation turque a touché cinq de leurs positions dans cette zone.
Après cet incident, Bagdad a condamné ces frappes aériennes turques.
L'armée turque a de son côté assuré que ses raids en Syrie et en Irak, visaient à «détruire des repaires de terroristes ciblant [son] pays». «Les opérations vont se poursuivre avec la même détermination, jusqu'à la neutralisation du dernier terroriste», a-t-elle souligné dans un communiqué.
Les Etats-Unis se disent «préoccupés»
Les Etats-Unis se disent «profondément préoccupés» par les bombardements de l'aviation turque en Syrie et en Irak, a fait savoir ce 25 avril le département d'Etat américain. Soulignant le fait que ces frappes ont été réalisées «sans coordination adéquate avec les Etats-Unis ou la coalition mise en place pour défaire le groupe Etat islamique».
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