«Dix fois Donald Trump a demandé à la chancelière allemande Angela Merkel s'il pouvait négocier un accord commercial avec l'Allemagne. A chaque fois, elle a répondu, "vous ne pouvez pas signer un accord avec l'Allemagne, seulement avec l'UE"», a déclaré un responsable allemand dans les colonnes du journal britannique The Times, alors qu'il rapportait une discussion entre les deux chefs d'Etat lors de la visite de la chancelière à la Maison Blanche en mars dernier.
«Au onzième refus, Donald Trump a finalement compris», a-t-il ajouté, expliquant que le président américain avait accepté le principe de signer un accord avec l'UE. Selon ce responsable allemand, Angela Merkel a confié interloquée aux membres de son gouvernement que le président américain avait une «mauvaise compréhension très basique» des «fondamentaux» de l'UE et des échanges commerciaux.
Au-delà de ces commentaires peu amènes, une source proche de la Maison Blanche citée par le Times, a confirmé que la teneur de la discussion marquait un tournant fondamental dans l'approche du commerce international envisagée par l'administration Trump. Lors de ces échanges, celle-ci aurait en effet pris conscience qu'il était non seulement vital pour les intérêts américains de signer un accord avec l'UE – plus encore qu'avec le Royaume-Uni après le Brexit – mais surtout qu'il serait moins difficile que prévu de parvenir à un compromis.
Le chef de l'Etat américain aurait donc décidé de changer ses priorités, donnant la primauté d'un tel accord à l'UE par rapport à Londres.
Pourtant, durant sa campagne et pendant ses premières semaines à la tête du pays, Donald Trump avait expliqué qu'il considérait le libre-échange mondial comme caduc. Il avait par conséquent abandonné l'Accord de partenariat transpacifique (TTP), fortement remis en question le Traité de libre-échange transatlantique (TTIP), et affirmé sa volonté de signer des accords commerciaux bilatéraux. Avec en tête de liste, son «allié spécial» le Royaume-Uni, dès qu'il serait sorti de l'UE.
Mais comme sur de nombreux sujets, il semblerait que le milliardaire se rapproche désormais des positions défendues par son prédécesseur, Barack Obama, qui estimait peu de temps avant le vote Outre-manche que le «Brexit [placerait] Londres au fond de la queue» des discussions sur les traités de libre-échange.
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