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«Ne t'avise plus jamais d'insulter la Russie !» : passe d'armes à l'ONU entre Londres et Moscou

Lors d'une séance tendue avant le vote sur une résolution politique en Syrie, le représentant russe au Conseil de sécurité de l'ONU a invectivé de manière bien virile son homologue britannique. Le tout dans un langage pas forcément très diplomatique.

Le 12 avril, le Conseil de sécurité de l'ONU était réuni pour débattre de la résolution concernant le conflit syrien. L'envoyé britannique Matthew Rycroft a alors décidé de se livrer à un discours de remontrance courtoise envers la partie russe, accusant Moscou de soutenir Bachar el-Assad, «un criminel, un meurtrier et un barbare». 

Pourquoi tu détournes le regard ?!

Le sang de son homologue russe, Vladimir Safronkov, successeur de Vitaly Tchourkine, décédé subitement en février dernier, n'a fait qu'un tour. Avec une intonation à glacer le sang, le représentant russe a lancé à l'adresse de Matthew Rycroft : «Ce qui est important, et beaucoup de gens à l’ONU le savent déjà, c’est que vous avez pris peur, perdu le sommeil, parce que nous allons coopérer avec les Etats-Unis. C’est ce qui vous fait peur. Vous faites tout pour saper la coopération !»

Très remonté, Vladimir Safronkov hausse ensuite davantage le ton et se met à tutoyer Matthew Rycroft : «Voilà pourquoi… Regarde-moi ! Ne détourne pas le regard ! Pourquoi tu détournes le regard ? Voilà pourquoi tu n’as rien dit sur le processus politique. Tu n'as pas écouté [Staffan] de Mistura sciemment. Vous imposez des exigences insultantes aux garants du processus d’Astana. Et vous, qu’avez-vous fait pour le cessez-le-feu ?»

Ne t'avise plus jamais d'insulter la Russie !

Outré par le ton jugé condescendant employé par Matthew Rycroft à son adresse pour évoquer le soutien apporté par Moscou au gouvernement de Bachar el-Assad, le représentant russe a ensuite lancé un avertissement à son homologue britannique : «Certains membres du Conseil de sécurité se montrent totalement irresponsables, offensifs, utilisent un langage inacceptable et insultent les autres nations. Tu as insulté la Syrie, l'Iran, la Turquie et d'autres. Mais ne t'avise plus jamais d'insulter la Russie !»

Tout au long de l'intervention de son homologue russe, le représentant britannique a fixé sa feuille de note, avant d'oser un sourire gêné. 

Depuis le 12 avril, le Conseil de sécurité de l'ONU est réuni pour discuter de la question syrienne, sur fond de tensions entre la coalition internationale et Moscou depuis les frappes américaines sur la base militaire syrienne d'Al-Chaayrate. Celles-ci ont été ordonnées par le gouvernement de Donald Trump en réponse à une attaque chimique présumée que Washington a imputé au gouvernement de Bachar el-Assad.

Moscou, Téhéran et Damas ont déclaré que l'intervention américaine violait le droit international et la souveraineté de la Syrie. La Russie, l'Iran et la Syrie ont également demandé une enquête impartiale et transparente sur la présumée attaque chimique, rappelant que Washington n'avait fourni aucune preuve tangible sur ces allégations. 

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