International

Syrie : Moscou oppose son veto à la résolution occidentale au Conseil de sécurité de l'ONU

En pleine crise diplomatique après le bombardement d'une base syrienne par Washington qui accuse sans preuve Damas d'être responsable de l'attaque chimique présumée de Khan Cheikhoun, Moscou a utilisé son veto au Conseil de sécurité de l'ONU.

Le 12 avril, la Russie a mis son veto au projet de résolution présenté par la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis au Conseil de sécurité de l'ONU.

Celui-ci exigeait que le gouvernement syrien fournisse un accès total à tous ses sites militaires aux enquêteurs de l'ONU, sous peine de représailles militaires.

«Notre principale objection à cette résolution est qu'elle inclut une condamnation [du gouvernement syrien] avant même toute enquête objective et indépendante sur l'incident [chimique]», a expliqué le représentant de la Russie au Conseil de Sécurité, Vladimir Safronkov. «Le résultat du vote était prévisible, car nous sommes en désaccord total avec ce document qui a été fondamentalement mal conçu», a poursuivi le diplomate, qui a également accusé la communauté internationale de ne faire «aucun effort» pour inspecter le site de l'attaque chimique présumée.

«En l'état, ce projet est pour nous inacceptable et nous n'allons pas voter en sa faveur. Nous allons voter contre si nos partenaires n'écoutent pas nos appels», avait déclaré avant le vote le vice-ministre russe des Affaires étrangères Guennadi Gatilov, cité par l'agence de presse Interfax.

Paris et Londres déplorent la décision russe

«La Russie prend une lourde responsabilité», a réagi François Hollande, ajoutant : «C’est la huitième fois que la Russie choisit de s’opposer ainsi à la majorité du Conseil [...] La France n’avait ménagé aucun effort, y compris vis-à-vis de la Russie, pour réunir un consensus sur ce texte.»

Le ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson s'est pour sa part dit «consterné» de la décision russe, assurant : «La Russie a choisi le mauvais camp.»

Rencontre entre Lavrov et Tillerson sous haute tension

Le jour du vote au Conseil de sécurité de l'ONU, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s'est entretenu à Moscou avec son homologue américain Rex Tillerson. Les deux hommes ont notamment évoqué l'attaque chimique présumée de Khan Cheikhoun, en Syrie, pour laquelle Washington accuse Damas, sans apporter de preuves.

Alors que le secrétaire d'Etat américain réitérait ses accusations contre le gouvernement syrien, Sergueï Lavrov a insisté sur la nécessité d'ouvrir une enquête objective pour éclaircir les circonstances du drame. Il a par ailleurs rappelé que la Russie avait largement contribué au désarmement chimique de la Syrie.

Rex Tillerson a enfin assuré que le bombardement de la base militaire syrienne d'Al-Chaayrate par les Etats-Unis le 7 avril, qui avait été fermement condamné par Moscou, était justifié.

Son homologue russe a rétorqué que Washington n'avait aucune preuve que l'attaque chimique présumée ait été menée par l'armée syrienne.

Lire aussi : Moscou veut une expertise à Al-Chaayrate pour trouver les «armes chimiques» évoquées par Washington