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Malgré des divergences, Lavrov et Tillerson résolus à renouer le dialogue russo-américain (VIDEO)

Le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov et son homologue Rex Tillerson se sont rencontrés à Moscou afin de tenter de se mettre d'accord. Mais, entre les deux hommes, le point d'achoppement reste le sort de Bachar el-Assad.

L'issue de la rencontre entre Rex Tillerson et Sergueï Lavrov, une première, et en présence de Vladimir Poutine, était très attendue. Parmi les thématiques abordées, la question du conflit en Syrie était prioritaire.

Evoquant «des pourparlers très ouverts», le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a néanmoins qualifié les tentatives de «compliquer» les relations entre les Etats-Unis et la Russie d'«inacceptables». Le ministre des Affaires étrangères russe en a profité pour tacler l'ancienne administration Obama, laquelle a laissé derrière elle, selon lui, «un bon nombre de problèmes». Rex Tillerson a pour sa part déploré un très bas niveau de confiance à l'égard de la Russie.

Après deux heures de discussions avec son homologue, le ministre des Affaires étrangères russe a annoncé que Vladimir Poutine était prêt à remettre en vigueur l'accord sur la prévention des incidents aériens en Syrie. Un accord indispensable à la coordination des actions militaires russes et américaines en Syrie, mais suspendu au lendemain du bombardement de la base d'Al-Chaayrate le 7 avril. A condition, toutefois, a précisé Sergueï Lavrov, que les Etats-Unis s'engagent à poursuivre la lutte contre les terroristes.

Khan Cheikhoun, pomme de discorde

Le ministre russe a par ailleurs pris note de la volonté des Etats-Unis d'enquêter sur le drame de Khan Cheikhoun du 4 avril, et insisté sur la nécessité d'une enquête objective afin de déterminer les circonstances de la mort des 87 civils. Tandis que son homologue Rex Tillerson réaffirmait la certitude des Etats-Unis quant à la culpabilité de la Syrie dans l'attaque chimique présumée.

Aussi, toujours selon le chef de la diplomatie américaine, la frappe sur la base syrienne d'Al-Chaayrate était justifiée. Ce à quoi Sergueï Lavrov a répondu que Moscou considérait les accusations de Washington concernant l'utilisation d'armes chimiques «sans fondement» et «manquant de preuves».

La Russie a beaucoup contribué au désarmement chimique en Syrie, a-t-il expliqué, avant d'ajouter que certains stocks d'armes chimiques étaient tombés aux mains de Daesh et d'al-Nosra.

Le chef de la diplomatie américaine, Rex Tillerson est, quant à lui, resté sur ses positions : selon lui, l'«attaque» chimique présumée de Khan Cheikhoun a été planifiée, dirigée et exécutée par les forces gouvernementales syriennes.

La question du maintien de Bachar el-Assad

Le futur de la Syrie et plus particulièrement la place du président syrien Bachar el-Assad dans l'avenir du pays ont été bien évidemment évoqués.

Reprenant les positions déjà exprimées par la partie américaine, Rex Tillerson a réaffirmé la volonté des Etats-Unis de voir Bachar el-Assad quitter le pouvoir. Au fur et à mesure que les preuves s'accumulent, a souligné le secrétaire d'Etat américain, le point à partir duquel Bachar el-Assad pourrait être poursuivi pour crimes de guerre pourrait être atteint. Aux yeux du diplomate américain, il n'y a toujours pas de place pour le chef d'Etat dans l'avenir de la Syrie, et son départ doit se faire de manière ordonnée.

Sergueï Lavrov a fait remarquer à son homologue que la Russie voulait éviter que l'Histoire ne se répète. Il a notamment rappelé à Rex Tillerson d'autres périodes où «un groupe de pays occidentaux voulait renverser tel ou tel dictateur qu'il jugeait indésirable».

Le ministre russe a ainsi évoqué l'intervention américaine en Yougoslavie pour renverser Slobodan Milosevic dans les années 1990, la guerre en Irak en 2003 et l'exécution de Saddam Hussein. Et enfin l'intervention occidentale en Libye en 2011 afin de renverser Mouammar Kadhafi.

Sergueï Lavrov a fait valoir que si Bachar el-Assad venait à être renversé, «ce n'est plus la question de l'emporter face à Daesh. On risque clairement de perdre». Et de conclure : «Notre objectif en Syrie est de ne pas permettre aux terroristes de régner à Damas».

Alexandre Keller

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