Le 11 avril, le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson est arrivé en Russie pour une rencontre avec son homologue russe, Sergueï Lavrov. Les frappes américaines en Syrie, ainsi que la prétendue ingérence russe dans la campagne électorale américaine seront au cœur de la rencontre.
Leur conversation intervient après la réunion des chefs de la diplomatie du G7, durant laquelle le chef de la diplomatie britannique, Boris Jonhson, a cherché à en accorder les membres sur une position commune appelant au départ de Bachar el-Assad en Syrie. Position qui devrait ensuite être présentée à Moscou par Rex Tillerson.
«Il est temps pour Vladimir Poutine de faire face à la vérité sur le tyran qu'il soutient», s'est emporté le ministre des Affaires étrangères britannique Boris Johnson dans une interview au Sun, le 10 avril. Continuant sur un ton résolument offensif, il a ajouté qu'il fallait «faire comprendre à Poutine qu'il n'[était] plus temps de soutenir Assad».
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Les Etats-Unis auraient déjà envisagé de nouvelles sanctions contre la Russie. Ainsi le 9 avril, Nikki Haley, l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, a déclaré que la question de nouvelles sanctions contre la Russie et l'Iran était étudiée par le président Donald Trump si ces deux pays maintenaient leur soutien au gouvernement de Bachar el-Assad.
Les relations se tendent entre la Russie et les Etats-Unis
Les relations entre les Etats-Unis et la Russie se sont détériorées début avril après les frappes américaines visant la base aérienne syrienne d'Al-Chaayrate, une attaque chimique présumée imputée à Damas ayant joué le rôle de prétexte à cette opération. La Russie a qualifié ces bombardements d'«acte d’agression usant d'un prétexte artificiel contre un pays souverain et membre de l'ONU». Le secrétaire d’Etat américain a, pour sa part, évoqué «l'inaction de Moscou face à l'usage d'armes chimiques» et parlé de «complicité» ou d'«incompétence».
«Etant allié de Bachar el-Assad, [la Russie] devrait avoir une plus grande influence sur lui. A chacune de ces horribles attaques, la responsabilité de la Russie est un peu plus importante», a avancé Rex Tillerson le 8 avril.
Pourtant, deux jours plus tard, son opinion changeait. «Notre stratégie en Syrie, notre priorité c'est d'abord de vaincre Daesh. Une fois le cessez-le-feu en place en Syrie, nous aurons les conditions pour entamer un processus politique. C'est grâce à ce processus politique que nous estimons que le peuple syrien pourra décider du sort de Bachar el-Assad», déclarait ainsi le Secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson dans une interview à ABC le 9 avril.
Tôt dans la matinée du 7 avril, 59 missiles Tomahawk ont été tirés depuis des destroyers de l'U.S. Navy dans l'est de la Méditerranée. Au moins neuf civils, dont quatre enfants, ont été tués, et sept autres blessés dans des villages situés à proximité de la base. Les Etats-Unis ont déclaré avoir frappé cette base en représailles à l'attaque chimique présumée du 4 avril dans la province d’Idlib que Washington impute au gouvernement syrien sans fournir de preuves.
Le même jour, la Russie a suspendu l’accord russo-américain sur la prévention des incidents aériens en Syrie car, selon le Kremlin, il aurait perdu tout son sens. «Les Américains nous ont montré qu’il ne voulaient pas coopérer en Syrie et prendre en considération les intérêts et préoccupations des autres», a déclaré le porte-parole du président russe, Dmitri Peskov.
Si Moscou cesse d’aider la Syrie, les clés de Damas seront entre les mains de Daesh et du Front al-Nosra
A la veille de l’arrivée de Rex Tillerson à Moscou, Donald Trump s’est entretenu sur la Syrie avec le Premier ministre Theresa May par téléphone. La dirigeante britannique a soutenu la frappe américaine.
«Le Premier ministre et le président ont convenu qu'il existait désormais une opportunité de persuader la Russie que son alliance avec Assad n'était plus dans son intérêt stratégique», a déclaré une porte-parole de Théresa May à l’issue de la conversation.
Le sénateur russe Alexeï Pouchkov, ancien président de la commission des Affaires étrangères du Parlement russe, a estimé de son côté que, si la Russie refusait d’aider la Syrie, cela signifierait avoir «donné les clés de Damas» aux terroristes du Front al-Nosra et de Daesh.