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Après l’attentat à Saint-Pétersbourg, les monuments se parent des couleurs russes… ou pas (PHOTOS)

Paris, Dresde, Belgrade et Tel-Aviv ont rendu hommage aux victimes de l’attentat qui a fait 14 morts à Saint-Pétersbourg. A l'inverse d'autres villes, notamment Berlin, qui n’ont manifestement pas trouvé de raison d'honorer leur mémoire.

La Tour Eiffel à Paris   

Dans la nuit du 4 au 5 avril, à minuit, la tour Eiffel s'est éteinte en hommage aux victimes de l’attentat suicide qui a frappé le métro de Saint-Pétersbourg le 3 avril. Seules les lumières de signalisation sont restées allumées.

Ce geste, destiné à exprimer la solidarité envers les victimes, semble néanmoins avoir été le résultat de la pression populaire sur les réseaux sociaux. Car en temps normal, l'usage veut que l'on éteigne les lumières des monuments dès la première nuit suivant l’attentat. Or la mairie de la capitale française a attendu plus de 24 heures avant d'éteindre son monument emblématique.

«Il n'y a pas de polémique. Il y a simplement un délai technique à avoir entre le moment où l'on a la certitude de l'origine de l'attaque et celui où l'on peut éteindre la Tour Eiffel. C'est aussi simple que cela», s'est justifié l'Hôtel de ville.

Dans la matinée du 4 avril, Paris a été le cadre d'un rassemblement spontané devant l'ambassade de Russie, en mémoire des personnes décédées dans le métro de Saint-Pétersbourg. Les participants, qui portaient des drapeaux russes et français, ont déposé des fleurs et allumé des bougies.

La mairie de Tel-Aviv

An l'inverse, Tel-Aviv a été l'une des premières villes à rendre hommage aux victimes de la tragédie pétersbourgeoise. Le 3 avril au soir, l'hôtel de ville a en effet revêtu les couleurs de la Russie.

Lire aussi : Hommage à Saint-Pétersbourg : Tel-Aviv illuminée aux couleurs de la Russie, mais ni Berlin ni Paris

Le maire de Tel-Aviv, Ron Hukdai, a de plus publié un message de solidarité envers le peuple russe sur son compte Twitter, associant le drapeau israélien et le drapeau russe.

Le Palais Albanija à Belgrade

Les autorités serbes ont aussi décidé dès le 3 avril d’illuminer aux couleurs de la Russie le Palais Albanija, le plus ancien gratte-ciel de Belgrade, communément désigné comme étant le premier gratte-ciel d'Europe du Sud-Est, ainsi que le plus haut pont de la capitale serbe enjambant l'Ada.

Une cérémonie commémorative s'est tenue devant l'ambassade de Russie à Belgrade, à laquelle les ministres serbes de l'Intérieur et de la Défense ont pris part. Intervenant devant les journalistes, le ministre serbe de l'Intérieur Nebojsa Stefanovic a déclaré que la Russie pouvait compter sur le soutien de la Serbie.

«Le ministre de la Défense Zoran Djordjevic et moi-même souhaitons exprimer nos profondes condoléances au peuple russe, à l'Etat russe et aux familles des victimes de l'attentat, au nom du gouvernement serbe», a-t-il précisé.

Le Palais de la culture à Dresde

En Allemagne, le Palais de la culture de Dresde a arboré les couleurs de la Russie, en vertu d'une décision de l'administration municipale le 4 avril. Le maire de Dresde, Dirk Hilbert, a envoyé un message de condoléances au gouverneur de Saint-Pétersbourg, Guéorgui Poltavtchenko.

«Tout indique qu'il s'agit d'une attaque lâche que je condamne résolument. Je vous présente mes sincères condoléances au nom des habitants de Dresde. Nous sommes avec les proches des victimes, leurs familles et leurs amis, ainsi qu'avec les blessés auxquels nous souhaitons un prompt rétablissement. Le Palais de la culture de Dresde sera illuminé mardi [le 4 avril] aux couleurs de la Russie de 20h à minuit en signe de deuil et de solidarité avec les habitants de Saint-Pétersbourg», a écrit Dirk Hilbert.

Les grands absents de l'hommage 

Les autorités de la capitale allemande n'ont cependant pas réagi de la même manière. D'habitude, Berlin éclaire la porte de Brandebourg des couleurs du drapeau du pays touché par un acte terroriste, comme cela a été le cas après les attaques à Paris, Nice, Bruxelles, Istanbul et Londres. Mais cette fois, les autorités ont déclaré que cela ne pouvait être le cas, car Berlin et Saint-Pétersbourg n’étaient pas «villes jumelles».

Pourtant, si Berlin est certes jumelée avec Paris, elle ne l'est pas avec Nice. Par ailleurs, après l'attaque meurtrière perpétrée dans une boîte de nuit homosexuelle d'Orlando, aux Etats-Unis, la porte de Brandebourg avait été allumée aux couleurs de l'arc-en-ciel, étendard de la communauté gay – un détail qui n'a pas échappé à certains internautes. «Orlando n'est pas jumelée à Berlin et ça n'a gêné personne», note cet utilisateur de Twitter.

Londres s'est également montrée frileuse et n’a pas illuminé le London Eye, sa grande roue. Dans un micro-trottoir mené dans les rues de la capitale britannique, le correspondant de RT a recueilli des opinions divergentes de celle des autorités.

«C'est certain, il fallait le faire. Nous sommes tous ensemble, nous sommes unis. Quand des actes terroristes ont frappé les Etats-Unis, la France a montré sa solidarité, et nous aussi. C’est pourquoi les autres pays auraient aussi dû le faire pour la Russie», a déclaré une première passante.

«Ce n’est pas juste. On aurait dû le faire. Cela montre l’attitude du pays [dans ces circonstances]», a précisé une autre.

Le 3 avril, un kamikaze s’est fait exploser dans le métro de Saint-Pétersbourg, non loin de la station Sennaïa Plochtchad. Selon le dernier bilan, 14 personnes ont été tuées et 62 blessées, dont 49 sont toujours à l’hôpital. D'après l’enquête, l’auteur présumé de cet attentat était un citoyen russe d’origine kirghize, Akbarjon Djalilov, âgé de 22 ans. «Des perquisitions ont été menées à son domicile», a déclaré la porte-parole du Comité d’enquête, Svetlana Petrenko. L'enquête est toujours en cours.