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Métro, boulot, burn-out : Le Sénat refuse le diagnostic

Ce sera non. Le Sénat a retiré le burn-out de l'inscription comme maladie professionnelle à part entière du projet de loi sur le dialogue social. Un rejet qui n'enpêche en rien la réalité des souffrances au travail.

Un amendement socialiste, porté par le député Benoît Hamon, avait pourtant été voté fin mai en première lecture devant l'Assemblée Nationale. Il disposait que «les pathologies psychiques peuvent être reconnues comme maladies d'origine professionnelle» aux mêmes conditions que les autres affections.

Séverine Brune, psychologue du Travail et intervenante en entreprise dans le cadre de la prévention des risques psycho-sociaux, regrette cette reculade du Sénat: «Le burn-out est une vraie maladie professionnelle. Certes, il ne faut pas prendre les choses à l'envers et tout axer sur la pathologie. Une fois que celle-ci est là il faut cependant s'en occuper. Mais il faut garder à l'esprit qu'il faut avant tout se concentrer sur la prévention et former les entreprises à ces risques psycho-sociaux» explique-t-elle à RT France. 

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«Allo maman bobo» au boulot, les Français malades de leur travail?

Pourtant, selon une étude de mars 2015 de l'Institut de Veille Sanitaire (InVS), le pourcentage des hommes salariés touchés par le phénomène du burn-out est passé de 1,1% en 2007 à 1,4% en 2012. Du côté des femmes salariées, ce taux est passé de 2,3% en 2007 à 3,1% en 2012.

Mais Séverine Brune voit aussi dans ces chiffres un effet mécanique de la médiatisation du burn-out : «Cela a toujours existé mais on n'en parlait pas. Depuis peu, avec sa médiatisation, il y a comme un retour de balancier. Certains salariés viennent nous consulter, ou sont envoyés par leur médecin, en étant persuadé d'être en burn-out alors qu'ils sont en simple surmenage ou stress», explique-t-elle ainsi à RT France.

La spécialiste tempère également la différence entre les femmes et les hommes: «Les hommes sont autant concernés par ce phénomène. Seulement les femmes ont plus de faciliter à en parler et à chercher une solution».

Burn-out, surmenage ou dépression, à la recherche d'une (im)possible définition

Selon les spécialistes, pour qu'il y ait un véritable burn-out, trois conditions doivent être réunies dans un contexte professionnel:

«Tout le problème est de déterminer ce qui relève du burn-out et ce qui est de l'ordre de la dépression. Les symptômes sont cliniquement proches mais ce n'est pas la même chose. Le burn-out reste difficile à déterminer car il relève de l'humain» résume Séverine Brun.

«The french paradox»

Les Français semblent peiner au travail. Pourtant le reste du monde ironise, souvent avec propos sur la semaine désormais bien gauloise de 35 heures qui pèse bien légèrement devant les cadences d'autres pays.

Mais qu'on ne s'y trompe pas, même malade, même déprimé, même en burn-out, le Français reste un champion en matière de productivité. Selon les chiffres de l'Organisation internationale du Travail, les salariés français travaillent en moyenne plus que leurs cousins germaniques : 44,3 heures contre 42,9 pour les cadres et 36,2 heures contre 34,5 pour les non-cadres.

Mieux encore, la France est au 6e rang mondial pour la productivité horaire de la main-d’oeuvre, toujours devant l’Allemagne (7e) et largement devant le Royaume-Uni (13e), laquelle persiste pourtant à persifler sur la productivité française.

Le cliché selon lequel les Français ne travailleraient pas assez ont toutefois la vie dure, et ce n'est pas la dernière sortie de la Ministre de la Justice Christiane Taubira qui arrangera les choses. Celle-ci s'était en effet mise à rêver à voix haute à une semaine de 32 heures avant d'être reprise sèchement par Manuel Valls.