La question brûlante du burn-out enfin reconnue ?
Inscrire le syndrome du burn-out dans la liste des maladies professionnelles, tel est le projet porté par le député socialiste Benoit Hamon. Au-delà, il s'agit de responsabiliser les entreprises quant aux conditions de travail de leurs salariés.
C'est le mal silencieux par excellence. Le burn-out toucherait plus de trois millions de Français. Le député socialiste Benoît Hamon vient de proposer la reconnaissance de cet épuisement par le travail comme une vraie maladie professionnelle. Trois amendements ont été ajoutés au projet de loi sur le dialogue social du ,inistre du Travail, François Rebsamen.
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— benoithamon (@benoithamon) 26 Mai 2015
Contacté par RT France, le cabinet d'expertise en risques psychosociaux Technologia revient sur son étude qui a servi de base aux propositions de Benoît Hamon : «Nous avons mené la seule étude qui existe à ce jour. Nous sommes arrivés à la conclusion que près de 12,6% soit 3,2 millions de Français seraient en risque élevé de burn-out. Deux critères ont été retenus pour arriver à ce chiffre : un travail excessif et un travail compulsif, avec une difficulté à pouvoir s'arrêter».
Retrouvez le guide de #prévention du #burnout par @Minist_Travail, @INRSfrance et @Anact_http://t.co/4q16bNWqhHpic.twitter.com/0DwMN5QU6B
— Ministère du Travail (@Minist_Travail) 26 Mai 2015
Le burn-out ignoré par la Sécurité Sociale
Actuellement, aucune maladie psychique n’est inscrite dans les tableaux des 98 maladies professionnelles officiellement reconnues par la Sécurité sociale.
Une situation que déplore Denis Maillard, du cabinet Technologia : «Aujourd'hui, les maladies psychiques ne sont pas reconnues en France comme des maladies professionnelles. C'est un pan entier de la souffrance au travail et des risques qui y sont liés qui sont ainsi ignorés».
Plus encore, pour qu'une prise en charge soit possible, il faut prouver un lien direct entre le travail et la maladie. «Le chemin est très long auprès de la Sécurité sociale qui ne reconnaît les maladies d'épuisement ou de dépression dues au travail que si elles atteignent un taux d'incapacité de 25%, ce qui est très élevé», analyse ainsi Denis Maillard.
Responsabiliser les entreprises
La qualification du burn-out en maladie professionnelle aurait de vraies conséquences. Le salarié atteint de ce syndrome ne serait plus considéré comme une personne en dépression nerveuse mais en épuisement professionnel.
Toujours selon Denis Maillard, «aujourd'hui quand un salarié souffre d'un burn-out, cela n'est pas reconnu comme une maladie professionnelle. C'est donc la branche maladie de la sécurité sociale qui l'indemnise et non la branche accident du travail. Or la branche maladie est alimentée par toutes les cotisations des Français alors que pour la branche maladie, ce sont les entreprises qui cotisent. En reconnaissant le burn-out comme maladie professionnelle, on obligera les entreprises à se sentir plus concernées par les pressions qu'elles font peser sur leurs salariés et pour éviter de voir leurs cotisations augmenter, elles mettront en place de meilleures conditions de travail».
Un patronat plus que réticent
Selon Technologia, «les directions des ressources humaines sont partagées et évidemment les organisations patronales ne veulent pas entendre parler de la reconnaissance du burn-out».
#burnout#France@medefpic.twitter.com/bIMfdNXuMR
— sylvie G-B (@arobase38) 26 Mai 2015
Le syndicat patronal, le Medef, a en effet clairement fait part de son opposition. Selon lui, le burn-out est un phénomène complexe, trop flou, où se mélangent des facteurs internes et externes à l’entreprise. Le Medef plaide ainsi «non pas pour une réparation mais pour une meilleure prévention».
@FacteurHumain@LesEchos@medef:La clé du problème,ce n'est pas la réparation,c'est une meilleure prévention.#burnoutpic.twitter.com/OUmtjr9ANa
— TimePlus (@TimePlusFr) 26 Mai 2015
Le gouvernement attend, quant à lui, un rapport de la Direction générale du travail pour se prononcer.
Pourtant le burn-out coûte cher : plus de 2 milliards d’euros chaque année en France selon un rapport de l'Assemblée nationale. Plus encore, 20% des arrêts de travail de plus de 45 jours y seraient liés. L’Organisation Mondiale de la Santé va même jusqu’à dire que cela représente 2 à 3 points du PIB des pays industrialisés.