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Le Conseil de sécurité réuni en urgence après la contamination chimique en Syrie

Le gouvernement syrien est accusé d'avoir utilisé des gaz de combat contre des cibles de l'opposition en Syrie dans la matinée du 4 avril, causant des dizaines de morts. Si Damas a démenti, le Conseil de Sécurité doit se réunir en urgence à New York.

Jeudi 6 avril

Les Etats-Unis, la France et le Royaume-uni exigent un vote dès ce 6 avril du Conseil de sécurité de l'ONU sur le projet de résolution demandant une enquête sur l'attaque chimique présumée en Syrie, ont indiqué des diplomates selon l'AFP.

Des négociations ont eu lieu avec la Russie et une version légèrement révisée du texte a été présentée aux membres du Conseil.

Mercredi 5 avril

«Un jour viendra où la justice internationale se prononcera sur Bachar el-Assad, qui massacre son peuple», a assuré le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault. 

Interrogé sur la chaîne d'information CNEWS, le chef de la diplomatie française a ajouté, évoquant la dernière attaque chimique présumée, imputée au régime de Damas : «Il ne faudra pas que ces crimes restent impunis. D'ailleurs il y a des enquêtes, des commissions des Nations Unies [...] Il y aura un procès comme criminel de guerre».

Le président des Etats-Unis Donald Trump a dénoncé un attaque «horrible, épouvantable» au lendemain de l'attaque chimique présumée ayant fait 72 morts dont 20 enfants, en Syrie.

«C'est un terrible affront pour l'humanité», a ajouté Donald Trump depuis le Bureau ovale où il recevait le roi Abdallah II de Jordanie. Interrogé sur un éventuel changement de politique sur le dossier syrien, il a simplement répondu : «nous verrons».

«Lorsque les Nations Unies faillissent continuellement à son devoir d'agir collectivement, il y a des moments dans la vie des nations où nous sommes contraints à mener nos propres actions», a assuré l'ambassadeur américaine Nikki Haley.

Intervention de Bashar Ja’afari, ambassadeur de la Syrie : 

«Mon pays est victime de deux attaques simultanées. Première par les membres permanents du Conseil et deuxièmement une attaque par procuration par les groupes terroristes armés en Syrie, qui agissent sur instruction de ces membres permanents du Conseil».  

«Nous rejetons les fausses allégations concernant l'emploi par l'armée syrienne de produits chimiques».

«Ces populations sont utilisées comme bouclier humain par l'opposition. L'armée arabe syrienne ne possède aucun type d'arme chimique, nous n'en avons jamais employé et nous en emploieront jamais. Mon gouvernement rejette par principe l'emploi d'armes chimiques et de toute arme de destruction massive. Il s'agit de crimes contre l'humanité et injustifiables». 

«Des affirmations politisées et sans fondement ont été utilisées contre mon gouvernement depuis le premier jour. Les médias n'ont eu de cesse de diffuser des informations provenant de groupes terroristes sur les listes du Conseil». 

«Certains gouvernements accusent maintenant la Syrie sans justification pour atteindre des objectifs politiques clairs». 

«On ne se demande pas qui est le vrai bénéficiaire de ces agents toxiques contre d'innocents civils. La réponse est claire, les principaux bénéficiaires sont les mêmes régimes qui ciblent la Syrie depuis plus de six ans, qui essaient de sauver les groupes armés».
 

Intervention de Nikki Haley, ambassadeur des Etats-Unis : 

«Nous savons que l'attaque d'hier porte la signature du régime d'Assad»

«Assad, la Russie et l'Iran n'ont aucun intérêt à faire la paix»

«Face à la barbarie d'Assad, la Russie a fait le choix inimaginable de fermer les yeux»

«L'attaque d'hier est la pire des hontes et montre que l'humanité ne veut rien dire pour le régime d'Assad»

Intervention de Vladimir Safronkov, représentant de la Russie :

«L'intérêt à ces événements a une dimension idéologique. Cela est fait dans le cadre contre Damas. Un jour cela sera sans doute jeté dans les poubelles de l'histoire».

«La Syrie a demandé que l'on ouvre une enquête sur cet incident. La Russie a une position claire et sans ambiguïté, l'emploi d'armes chimiques est inacceptable quelque soit les auteurs ou les circonstances. Les responsables de tels crimes doivent rendre des comptes». 

«La ligne rouge tracée par les Etats-Unis en 2012 a été le point de départ de provocations qui ont suivi de la part de groupes terroristes extrémistes qui ont employé des armes chimiques. Ils se sont employés à discréditer Damas et à donner prétexte à une action militaire contre un gouvernement souverain. Mais quand Damas a demandé une enquête en mars 2013 pour l'emploi de sarin dans la banlieue d'Alep, les occidentaux ont préféré se taire. C'est cette inaction qui a amené les combattants à utiliser à nouveau le sarin à Al Gouta en août 2013». 

«Les Casques blancs sont étroitement liés aux groupes terroristes. Ceux qui ont fabriqué ces produits chimiques sont probablement ceux qui ont accumulé des médicaments et des produits alimentaires». 

«Il faut procéder à une enquête dépolitisée et approfondie sur l'emploi d'armes chimiques en se fondant sur des faits prouvés». 

«Il ne faut pas discréditer le gouvernement syrien et notre gouvernement pour ce que nous faisons au Moyen-Orient. Il devrait y avoir une certaine correction». 

«Nous sommes très préoccupés par le fait que certains Etats manipulent les résultats des activités [des enquêtes sur les armes chimiques]». 

«Les groupes de terroristes qui contrôlent la zone doivent laisser le champ libre aux enquêteurs. Pour le moment, les seules informations, falsifiées, qui nous proviennent du terrain émanent des Casques blancs et de l'OSDH qui sont depuis longtemps discrédités, ils se contredisent dans leurs témoignages».

«Le 4 avril, l'aviation syrienne a bien frappé cette zone, touchant un dépôt d'armes, de missiles et de nettoyants chimique. On prévoyait d'utiliser ces armes en Irak mais aussi à Alep. Les symptômes de l'empoisonnement que l'on peut constater dans les vidéos sont les mêmes que l'on a pu voir à Alep l'année dernière. Il est évident pour nous que le terrorisme chimique doit être combattu de la façon la plus ferme possible, mais nos tentatives auprès du Conseil de Sécurité au cours de ces trois années n'ont pas été couronnées de succès à cause de la position de nos collègues occidentaux».

«Il faut enquêter sur le terrain et non plus sur internet ou sur base d'informations provenant de pays voisins de la Syrie». 

Pour la Maison-Blanche, l'affirmation russe selon laquelle la contamination chimique a lieu suite à la frappe d'un entrepôt contenant des armes n'est «pas crédible». 

Intervention de Elbio Roselli, ambassadeur de l'Uruguay : 

«Nous n'avons pas encore à l'heure actuelle suffisamment d'éléments pour affirmer de manière catégorique qui sont les responsables».


«Ce que la France a exigé, c'est qu'il y ait une résolution du Conseil de sécurité dans les prochaines heures pour diligenter une enquête et, à la suite de cette enquête, il doit y avoir des sanctions qui seront prises par rapport au régime syrien», a déclaré à la presse le chef de l’État en marge d'un déplacement à Noyon, dans l'Oise.

Intervention de Liu Jieyi, ambassadeur de la Chine à l'ONU :

«Le Royaume-Uni a présenté de façon erronée la position de la Chine. Nous espérons que le représentant du Royaume-Uni cessera d'utiliser de manière abusive le Conseil, ce n'est pas dans l'intérêt du peuple syrien».

«Un règlement politique est la seule solution, les pourparlers de Genève doivent être menés par les Syriens»

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a vivement critiqué le président syrien Bachar el-Assad, qu'il a qualifié d'«assassin» en lui imputant une attaque présumée chimique qui a fait des dizaines de tués.

«Plus de 100 personnes ont été tuées, dont près de 50 enfants (...) Ô Assad l'assassin ! Comment vas-tu échapper à leur malédiction ?», a lancé Recep Tayyip Erdogan lors d'un discours à Bursa (nord-ouest de la Turquie), critiquant également le «silence» de la communauté internationale.

Intervention de Matthew Rycroft (ambassadeur du Royaume-Uni)

«La Russie affirme que l'aviation syrienne a frappé des dépôts de munitions de l'opposition. Mais nous n'avons rien vu qui suggère que des acteurs non-étatiques en Syrie possède des armes chimiques causant les symptômes que nous avons vu hier».

«Nous voyons tous les signes d'un agent neurotoxique capable de tuer plus de 800 personnes [...] Si cela n'est pas suffisant pour demander des actions, que vous faut-il ?»

«Il est temps que vous cessiez de bloquer les sanctions, les quinze membres du Conseil de Sécurité devraient être en mesure de condamner ces actions».

La réunion d’urgence de Conseil de sécurité après l'incident chimique en Syrie :

Intervention de François Delattre, ambassadeur de France à l'ONU :

«Les symptômes des victimes constatées par les personnes sur place et sur les images de l'attaque ne sont pas caractéristiques du chlore mais laisse penser à l'emploi d'une substance bien plus agressive.»

«Une frappe sur un entrepôt aurait provoqué un feu dont les conséquences auraient été bien plus graves pour les populations civiles». 

«Le silence des soutiens du régime de Bachar el-Assad équivaut à cautionner ces actes barbares».

«L'ensemble des capacités chimiques syriennes doit être démantelé».

La représentant de la France a aussi demandé des «sanctions» contre la Syrie. 

D'après l'ONG Médecins Sans Frontières, des médecins de l'organisation présents dans l'hôpital de Bab Al Hawa à Idlib ont constaté que des patients présentaient «des signes cliniques d'exposition à des agents neurotoxiques tels que le gaz sarin». 

«Huit patients présentaient les symptômes suivant : pupilles contractées, spasmes musculaires, et défécation involontaires», précise le communiqué. 

«Des équipes médicales ont aussi pu se rendre dans d'autres hôpitaux où des victimes de l'attaque ont été soignées, et ont affirmé que les victimes sentaient le chlore, laissant penser qu'elles avaient été exposées au gaz chloré», indique l'ONG. 

«Ces informations suggèrent que les victimes de l'attaque à Khan Sheikhoun ont été exposées à au moins deux différents agents chimiques» conclu alors MSF. 

La Russie juge «inacceptable» en l'état le projet de résolution présenté par les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni condamnant l'attaque chimique présumée en Syrie, a indiqué la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères.

«Le texte présenté est catégoriquement inacceptable. Son défaut est d'anticiper les résultats de l'enquête et de désigner des coupables», a déclaré Maria Zakharova lors d'une conférence de presse, dénonçant un projet «anti-syrien» basé sur de «fausses» informations et de nature à aggraver encore la situation.

L'Iran «condamne vigoureusement toute utilisation d'armes chimiques quels que soient les responsables et les victimes», a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Bahram Ghassemi, cité par l'agence Fars.

Bahram Ghassemi a mis l'accent sur «le transfert, le stockage et l'utilisation d'armes chimiques par les groupes terroristes en Syrie» dans le passé. l'Iran estime qu'après le «désarmement chimique du gouvernement syrien [...] ignorer la nécessité de procéder au désarmement chimique des groupes armés terroristes nuit au processus de désarmement de la Syrie», a ajouté la porte-parole

Il a appelé à éviter «toute propagande et tout jugement précipité et toute accusation qui profite à (...) certains acteurs» dans le conflit syrien.

«La Russie et ses forces armées poursuivent leurs opérations de soutien aux opérations antiterroristes menées par l'armée de la République syrienne pour la libération du pays», a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

«La Russie présentera de manière étayée les données qui ont déjà été évoquées par notre ministère de la Défense», a-t-il ajouté.

Le ministère russe de la Défense a affirmé le 5 avril au matin que l'aviation syrienne avait frappé «près de Khan Cheikhoun un grand entrepôt terroriste» qui abritait «un atelier de fabrication de bombes, avec des substances toxiques».

La chancelière allemande Angela Merkel a qualifié, via une porte-parole, l'attaque chimique présumée en Syrie de «crime de guerre» devant être puni en tant que tel et exhorté la Russie et l'Iran à faire pression sur Damas.

«Le recours à du gaz toxique constitue un crime de guerre et les crimes de guerre doivent être traités comme tels», a déclaré la porte-parole adjointe de la chancelière allemande, Ulrike Demmer, lors d'un point de presse à Berlin.

Sans vouloir à ce stade directement pointer du doigt le gouvernement syrien, elle a assuré «que la responsabilité du régime Assad dans l'emploi d'armes chimiques avait déjà été prouvée dans le passé».

Une trentaine de personnes ont été évacuées en Turquie pour y être soignées, a affirmé le ministre turc de la Santé, ajoutant qu'Ankara disposait d'éléments accréditant la thèse d'une attaque «chimique».

«Depuis hier [le 4 avril], environ 30 personnes ont été transportées d'Idlib pour être traitées en Turquie», a déclaré Recep Akdag, précisant que deux autres blessés avaient succombé.

«Nous avons des preuves indiquant qu'il s'agit d'une attaque chimique. Nous étayons ces éléments pour les envoyer à l'Organisation mondiale de la santé», a-t-il ajouté.

Bachar el-Assad devra «répondre de ses crimes devant des tribunaux internationaux», a estimé Emmanuel Macron, qui entend cependant «hiérarchiser les priorités et les combats« avec «une priorité: éradiquer le terrorisme islamiste».

«Il semble avéré [...] que cette attaque au gaz chimique a été conduite par le régime de Bachar el-Assad. Il convient donc de la condamner avec beaucoup de force parce que ça contrevient à toutes les règles de droit international et cela contrevient bien évidemment à ce qu'un dirigeant doit à son peuple», a déclaré Emmanuel Macron en marge d'une visite à l'Association des paralysés de France.

«Notre ennemi c'est Daesh et l'ensemble des groupes djihadistes qui fomentent des attentats et nous menacent. L'ennemi du peuple syrien, c'est Bachar el-Assad et il devra donc répondre de ses crimes devant des tribunaux internationaux, nous serons là-dessus sans aucune complaisance, mais en hiérarchisant les priorités et les combats», a conclu l'ex-ministre de l'Economie.

L'opposition syrienne a affirmé que les récentes déclarations américaines sur le sort du président syrien Bachar el-Assad lui donnaient «une opportunité pour commettre de nouveaux crimes», après l'attaque chimique présumée imputée à l'armée.

«Jusqu'à maintenant, cette administration n'a rien fait et a adopté une attitude de spectateur et fait des déclarations qui donnent au régime une opportunité pour commettre de nouveaux crimes», a déclaré le vice-président de la Coalition nationale syrienne, Abdelhakim Bachar, lors d'une conférence de presse à Istanbul.

Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson avait déclaré lors d'une visite en Turquie la semaine dernière que le sort du président Assad devait être décidé par «le peuple syrien». «Il faut choisir ses batailles», avait de son côté déclaré l'ambassadrice américaine à l'ONU Nikki Haley, jugeant que la priorité de Washington n'était plus de se concentrer sur le départ d'Assad.

D'après un communiqué de l'Organisation Mondiale de la Santé, «certains cas semblent montrer des symptômes corroborant une exposition à des produits chimiques organophosphorés, une catégorie de produits chimiques qui incluent les agents neurotoxiques». 

D'après l'OMS, le nombre de décès suite à cette attaque s'élèverait à 70. 

Le président François Hollande a dénoncé un «crime de guerre» en Syrie après l'attaque chimique présumée contre la ville de Khan Cheikhoun, selon un communiqué de l'Elysée diffusé à l'issue d'un Conseil de Défense.

Renouvelant «son indignation devant l’emploi d’armes chimiques en Syrie», le chef de l'Etat a «appelé à une réaction de la communauté internationale à la hauteur de ce crime de guerre», selon ce communiqué.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'est dit «confiant» sur le fait que le Conseil de sécurité «prendr[ait] ses responsabilités» en adoptant une résolution sur l'attaque chimique présumée en Syrie, que la France et le Royaume-Uni imputent au régime de Bachar al-Assad.

Antonio Guterres s'exprimait à son arrivée à une conférence sur l'avenir de la Syrie, où les chefs des diplomaties française et britannique ont réitéré avec force leurs accusations contre le régime syrien, qu'ils tiennent pour responsable de l'attaque qui a fait au moins 72 morts le 4 avril à Khan Cheikhoun (nord-ouest de la Syrie).

Le président du Conseil européen Donald Tusk, a désigné le «régime syrien» comme le «principal responsable des atrocités en Syrie», en réagissant à l'attaque chimique présumée qui a fait 72 morts. 

Le «meurtre indiscriminé d'enfants, femmes et hommes avec des armes chimiques est un rappel tragique de la brutalité du conflit syrien et du régime syrien, le régime syrien est le principal responsable des atrocités en Syrie», et «ceux qui le soutiennent en partagent la responsabilité», a déclaré Donald Tusk lors d'une conférence de presse à Athènes. 

Hasan Haj Ali, commandant du groupe rebelle de l'Armée de libération d'Idlib a nié la version russe selon laquelle le gaz a été répandue après une frappe aérienne sur un entrepôt contenant des armes chimiques. D'après lui, aucune position militaire n'aurait été touchée ce jour-là. 

«Tout le monde a vu l'avion lorsqu'il bombardait avec du gaz», a-t-il affirmé à l'agence Reuters

«De même, tous les civils dans la zone savent qu'il n'y a pas de positions militaire là bas, ni de fabrique [d'armes]. Les différentes factions de l'opposition ne sont pas capables de fabriquer ces substances», a-t-il assuré. 

Le pape François a dénoncé au Vatican un «massacre inacceptable» en Syrie, où une attaque chimique présumée a fait 72 morts et provoqué l'indignation à travers le monde.

«Nous assistons atterrés aux derniers événements en Syrie. Je déplore fermement le massacre inacceptable survenu dans la province d'Idlib, où ont été tuées des dizaines de personnes sans défense, parmi lesquelles tant d'enfants», a déclaré le pape d'un ton sombre lors de son audience hebdomadaire.

«Dans le contexte actuel, en dépit de toute évidence qui puisse apparaître, parfois susceptible de faire l’objet de manipulations, il faut se poser la question de la motivation de Bachar el-Assad à faire une chose pareille, à ce moment particulier quand il obtient des victoires à travers le pays. Quelle serait alors sa motivation pour provoquer la condamnation de la communauté internationale à ce moment précis ?», s'est interrogé ur RT Charles Shoebridge, spécialiste en sécurité et ancien officier des services secrets britanniques.

Le secrétaire général des Nations unies, Guterres, a déploré le fait que «des crimes de guerres continuent» d'être commis en Syrie, qualifiant d'«horrible» l'attaque «chimique» à Khan Cheikhoun.  

«Ces événements horribles montrent malheureusement que des crimes de guerre continuent [d'être commis] en Syrie et que le droit humanitaire international est violé fréquemment», a déclaré Antonio Guterres en arrivant à une conférence internationale sur la Syrie à Bruxelles.

«Toutes les preuves que j'ai vues suggèrent que c'était le régime d'Assad [...] utilisant des armes illégales en toute connaissance de cause contre son propre peuple», a assuré Boris Johnson, ministre britannique des Affaires étrangères, en arrivant à une conférence internationale sur l'avenir de la Syrie à Bruxelles.

«C'est la confirmation qu'il s'agit d'un régime barbare qui rend impossible à nos yeux d'imaginer qu'il puisse avoir la moindre autorité en Syrie après la fin du conflit», a estimé le ministre britannique.

Les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni ont présenté le 4 avril un projet de résolution condamnant l'attaque chimique en Syrie et appelant à une enquête complète et rapide, à la veille d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU.

Le texte, obtenu par l'AFP, appelle l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) à présenter rapidement ses conclusions sur l'attaque qui aurait fait le 4 avril au moins 58 morts et 170 blessés à Khan Cheikhoun, petite ville de la province d'Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, en zone rebelle.

Le projet a été distribué aux quinze membres du Conseil à la veille de la réunion d'urgence demandée par Paris et Londres à la suite de l'attaque.

Le texte demande également à la Syrie de fournir les plans de vol et toute information sur des opérations militaires au moment de l'attaque.

Enfin, il menace d'imposer des sanctions en vertu du chapitre 7 de la charte des Nations unies.  

Le porte-parole de la Défense russe a déclaré que l’aviation syrienne avait détruit un entrepôt où l’opposition dite «modérée» gardait des stocks d'armes chimiques dont certaines devaient être envoyées en Irak.

«D’après les données du contrôle russe de l’espace aérien en Syrie, le 4 avril de 11h30 à 12h30 [heure locale], l’aviation syrienne a frappé un entrepôt d'armes chimiques et d'équipement militaire des terroristes, situé dans l’est du village rebelle de Khan Cheikhoun», a déclaré le porte-parole de la Défense russe, Igor Konachenkov.

«Dans cet entrepôt se trouvaient des ateliers pour la production de bombes chargées d'explosifs toxiques. Depuis ce grand atelier, les terroristes envoyaient des munitions contenant des substances chimiques en Irak. Leur utilisation a été prouvée maintes fois par les organisations internationales, ainsi que par les autorités irakiennes», a-t-il poursuivi. Ces mêmes munitions chimiques avaient été utilisées par des rebelles lors de l'attaque chimique d'Alep en 2016, a fait savoir le porte-parole de la Défense russe, qui avait participé à l'enquête de 2016.  

Mardi 4 avril

Les rebelles syriens demandent aux combattants «d'embraser les fronts» du pays après les attaques chimiques, a rapporté l'AFP.

«Nous demandons à tous les combattants en Syrie d'embraser les fronts», a précisé dans un communiqué en ligne le groupe Fateh al-Cham, ex-branche d'Al-Qaïda qui se fait appeler depuis janvier Tahrir al-Cham, après avoir fusionné avec des groupes rebelles.

Washington exhorte Téhéran et Moscou à empêcher Bachar el-Assad de mener des attaques chimiques, a rapporté l'AFP. 

«Pendant que nous continuons à suivre cette terrible situation, il est clair que c'est comme ça que Bachar al-Assad opère : avec un barbarisme brutal et sans complexe», a affirmé le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson dans un communiqué. 

L'un des dirigeants d'Ahrar al-Cham, un groupe armé salafiste occupant une partie de la province d'Idlib, a déclaré offrir la protection de son organisation djihadiste aux journalistes souhaitant se rendre sur place afin d'étudier le lieu de l'attaque chimique présumée. 

Le Conseil de sécurité des Nations unies se réunira en séance extraordinaire le 5 avril pour aborder l'attaque chimique présumée perpétrée en Syrie, qui a fait au moins 58 morts dont 11 enfants, a annoncé l'ambassadrice américaine auprès de l'ONU. 

Le Royaume-Uni et la France ont demandé cette réunion après l'annonce que des bombardements aériens avaient frappé la ville rebelle de Khan Cheikhoun, dans la province d'Idlib. 

L'armée arabe syrienne a démenti toute implication dans l'attaque chimique présumée qui a tué des dizaines de personnes dans une localité rebelle du nord-ouest du pays.

«Le commandement de l'armée dément catégoriquement avoir utilisé toute substance chimique ou toxique à Khan Cheikhoun aujourd'hui [...] Il souligne qu'il n'en a jamais utilisé, à aucun moment, à aucun endroit et ne le fera pas dans l'avenir», a indiqué l'armée dans un communiqué publié par l'agence officielle Sana.

La Maison Blanche a dénoncé mardi avec force «l'attaque chimique [...] intolérable» menée selon elle par le gouvernement de Bachar el-Assad sur une localité rebelle du nord-ouest de la Syrie qui a tué des dizaines de personnes.

«L'attaque chimique perpétrée aujourd'hui en Syrie contre des innocents, y compris des femmes et des enfants, est répréhensible», a déclaré Sean Spicer, porte-parole de Donald Trump.

"Cet acte odieux du régime de Bachar al-Assad est la conséquence de la faiblesse et du manque de détermination de l'administration précédente», a-t-il ajouté.

«Les Etats-Unis sont aux côtés de leurs alliés à travers le monde pour dénoncer cette attaque intolérable», a-t-il ajouté.

Jugeant qu'il serait «dans l'intérêt» des Syriens que Bachar el-Assad ne soit pas au pouvoir, le porte-parole de la Maison Blanche a cependant estimé qu'il n'existait à ce stade aucune véritable option pour un changement de régime.

D'après Yusha Yuseef, journaliste pour le site d'information émirati Al Masdar News, un membre de l'armée syrienne lui aurait confirmé des frappes aériennes ayant visé Khan Sheikoun. 

Néanmoins, cette source aurait précisé que les cibles auraient été des entrepôts, qui se seraient révélés contenir des gaz chimiques.  

L'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) s'est dit «gravement préoccupée» par cette «attaque présumée aux armes chimiques», précisant qu'elle était en train de «rassembler et analyser des informations de toutes les sources disponibles».

Accuser le gouvernement syrien d'avoir perpétré cette attaque est «une calomnie», a officieusement réagi Damas par la voix d'un haut responsable de ses services de sécurité. Les «terroristes tentent de remporter une [victoire] médiatique après avoir échoué à remporter [une victoire] sur le terrain», a-t-il déclaré sous le couvert de l'anonymat.

La Commission d'enquête de l'ONU sur les droits de l'Homme en Syrie a annoncé qu'elle «enquête actuellement» sur l'attaque «chimique» dans le nord-ouest de la Syrie.

«Les rapports suggérant qu'il s'agit d'une attaque avec des armes chimiques sont extrêmement préoccupants. La Commission enquête actuellement sur les circonstances entourant cette attaque y compris les allégations d'utilisations d'armes chimiques», ont indiqué dans une déclaration écrite les enquêteurs.

L'envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie Staffan de Mistura a assuré que l'ONU chercherait à «clairement identifier les responsabilités» et à faire «rendre des comptes» aux auteurs de l'attaque «chimique» dans le nord-ouest de la Syrie.

«De ce que nous comprenons, c'était une attaque chimique et elle était aérienne», a précisé Staffan de Mistura lors d'un point de presse à Bruxelles en marge d'une conférence internationale sur l'avenir de la Syrie.

François Hollande a évoqué «la responsabilité» du président syrien Bachar al-Assad dans le «massacre» qui a fait au moins 58 morts dans une attaque chimique présumée sur une ville rebelle au nord-ouest du pays, dans un communiqué publié par l'Elysée.

«Une fois encore le régime syrien va nier l’évidence de sa responsabilité dans ce massacre. Comme en 2013, Bachar el Assad compte sur la complicité de ses alliés pour bénéficier d’une impunité intolérable», a assuré le président de la République. 

«Ceux qui soutiennent ce régime peuvent une nouvelle fois mesurer l’ampleur de leur responsabilité politique, stratégique et morale», a-t-il conclut, sans citer de pays.

Le ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson a jugé «horribles» les rapports faisant état d'«une attaque aux armes chimiques» en Syrie, y voyant «toutes les caractéristiques d'une attaque du régime» syrien de Bachar al-Assad.

«Horribles rapports d'une attaque aux armes chimiques à Idlib en Syrie. Une enquête doit avoir lieu sur l'incident et les auteurs doivent rendre des comptes», a écrit sur son compte Twitter Boris Johnson.

«Si nous ne pouvons pas encore être certains de ce qui s'est passé, cela a toutes les caractéristiques d'une attaque du régime qui a utilisé de façon répétée des armes chimiques», a-t-il ajouté dans un communiqué.

Une source militaire syrienne a démenti auprès de l'agence Reuters la «propagande rebelle» selon laquelle Damas aurait mené une attaque au gaz de combat dans la province d'Idlib le 4 avril au matin, tuant au moins 58 civils, d'après l'Observatoire Syrien des Droits de l'Homme.


L'armée «n'a pas et n'en a pas utilisé [d'armes chimiques], ni dans le passé et ni dans l'avenir, parce qu'en premier lieu, nous n'en possédons pas», a déclaré cette source. 

Bien que n'étant pas concernée par ces accusations, la Russie a fait savoir par son ministre de la Défense Sergueï Choïgou, qu'«aucune frappe aérienne n'a été menée par l'aviation russe dans les environs de Khan Cheikhoun», dans la province d'Idlib.

Cette région est un fief rebelle et djihadiste du nord-ouest.

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Une vidéo diffusée par des militants montre un petit garçon respirant avec difficulté, pouvant à peine ouvrir les yeux, de la mousse sortant de sa bouche. Au moins 11 enfants figureraient parmi les personnes tuées dans l'attaque qui a frappé Khan Cheikhoun.

Un correspondant de l'AFP présent dans un hôpital de Khan Cheikhoun a vu de la mousse sortir de la bouche de patients. Beaucoup ont été aspergés d'eau par les médecins qui tentaient de les réanimer.

Pour l'opposition, cette attaque «remet en cause» le processus de paix

«Ce crime remet en cause l'ensemble du processus de paix [...] Si l'ONU est incapable d'empêcher le régime de commettre de tels crimes, comment faire avancer un processus politique en vue d'une transition [en Syrie] ?», a demandé Mohammad Sabra, qui a représenté l'opposition au dernier round de négociations à Genève fin mars.

«Les Nations unies sont incapables de faire respecter leurs résolutions, notamment la résolution 2118 relative à l'utilisation d'armes chimiques», a-t-il regretté.

Un cinquième round de négociations entre opposition et gouvernement s'est achevé le 31 mars à Genève et une sixième session est prévue à une date qui n'a pas été fixée. 

Condamnations internationales 

La France a demandé la convocation d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU après une «nouvelle attaque chimique particulièrement grave» en Syrie, a annoncé le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault. 

Dans un communiqué, le ministre condamne un «acte ignoble». «Les première informations font état d'un grand nombre de morts, y compris des enfants», a-t-il précisé, en expliquant avoir «demandé la convocation d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité».  

«L'utilisation d'armes chimiques constitue une violation inacceptable de la Convention sur l'Interdiction des Armes chimiques (CIAC) et un nouveau témoignage de la barbarie dont le peuple syrien est victime depuis tant d'années», a ajouté le chef de la diplomatie française.

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Erdogan appelle Poutine 

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a lui déclaré à son homologue russe Vladimir Poutine, lors d'un entretien téléphonique, que l'attaque «chimique» dans la matinée en Syrie était «inhumaine» et menaçait le processus de paix.

«Considérant que ce type d'attaques inhumaines était inacceptable, le président Erdogan a souligné que celles-ci pouvaient risquer de gâcher tous les efforts fournis dans le cadre du processus d'Astana», ont déclaré sous couvert d'anonymat des responsables au sein de la présidence turque.

Mogherini conclut à la «responsabilité évidente» d'Assad 

Le gouvernement de Bachar el-Assad porte la «principale responsabilité» de l'attaque, a affirmé la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini.

«Aujourd'hui, les nouvelles sont horribles», a-t-elle déclaré à des médias en marge d'une conférence internationale à Bruxelles sur la reconstruction de la Syrie. «Evidemment, la principale responsabilité repose sur le régime, parce qu'il a la responsabilité de protéger son peuple et non de l'attaquer», a-t-elle ajouté.

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