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Guyane : le collectif rejette le plan gouvernemental et demande 2,5 milliards d'euros

Le collectif de Guyanais a refusé l'offre du gouvernement, qui avait notamment proposé un engagement de plus d'un milliard d'euros pour trouver une issue à deux semaines d'un mouvement social inédit. Il exige 2,5 milliards d'euros «tout de suite».

«Nous exigeons 2,5 milliards d'euros tout de suite», a lancé Olivier Goudet, un porte-parole du collectif de Guyanais, depuis le perron de la préfecture à Cayenne, où le ministre des Outre-mer Ericka Bareigts recevait la délégation. Les centaines de personnes massées en contrebas ont immédiatement réagi par des cris de joie.

A moins de trois semaines du premier tour de l'élection présidentielle, le ministre, qui comptait rentrer prochainement à Paris, les avait exhortés plus tôt à rapidement «graver dans le marbre le travail» engrangé «ensemble» après la présentation d'un document en cinq points.

«[Ericka Bareigts] fait comme si elle ne savait pas que nous avons 50 ans de retard, qu'on subit, que nous voyons de la misère dans notre pays. Nous allons lui montrer», s'est encore exclamé Olivier Goudet, par ailleurs porte-parole des «500 frères contre la délinquance», un mouvement très populaire dont les membres arpentent les rues vêtus de noir et masqués.

«Demain, tous les barrages seront fermés», a-t-il affirmé quelques instants plus tard devant la presse, brandissant ainsi la menace ainsi d'un raidissement de la mobilisation.

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Le gouvernement compte maintenir ses engagements sur la sécurité, la santé, l'éducation. Des engagements que le ministre des Outre-mer doit défendre le 4 avril en Conseil des ministres, selon son entourage.

Un autre porte-parole des «500 frères», Mickaël Mansé, a aussi affirmé que la somme accordée n'était pas suffisante, précisant que «la fusée rester[ait] au sol tant que la Guyane ne décoller[ait] pas». 

«Nous avions obtenu l'essentiel de nos revendications, mais nous avons décidé de rester solidaires», a déclaré pour sa part le porte-parole du Medef de Guyane, Stéphane Lambert.

La Guyane est plongée depuis deux semaines dans un mouvement social, qui a débouché sur une grève générale, sur fond de revendications sécuritaires, sanitaires, éducatives et de méfiance face à un gouvernement français accusé de sous-investissement.

Le 28 mars, s'est déroulée sur le territoire «la plus grosse manifestation de son histoire», de l'aveu même de la préfecture. Plus de 15 000 personnes avaient ainsi défilé à Cayenne et Saint-Laurent du Maroni, les deux plus grandes villes. La Guyane ne compte globalement que 250 000 habitants.

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