Nicola Sturgeon, Premier ministre écossais, a annoncé le 31 mars avoir formellement demandé au gouvernement britannique «le pouvoir d'organiser un second référendum d'indépendance», deux jours après le déclenchement de la procédure de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.
La dirigeante du parti national écossais SNP (indépendantiste) a fait parvenir une lettre au Premier ministre britannique, Theresa May, dans laquelle elle souligne que «le peuple écossais doit avoir le droit de choisir son propre avenir».
Selon un sondage publié le 31 mars par l'institut Survation, 46% des Ecossais préféreraient se passer d'une nouvelle consultation alors qu'ils seraient 41% à y être favorables. Cette enquête a également révélé que 48% des Ecossais s'opposeraient à l'indépendance, contre 43% qui souhaiteraient une rupture avec le reste du Royaume-Uni. 9% des Ecossais seraient encore indécis.
Le gouvernement écossais avait publié le 30 mars sur son compte Twitter une image de Nicola Sturgeon, accompagnée de la légende : « Le Premier ministre Nicola Sturgeon à Bute House [résidence officielle du Premier ministre écossais], Edimbourg, travaillant sur le projet final de lettre [...] destinée au Premier ministre [britannique] Theresa May.»
Nicola Sturgeon a précisé qu'elle souhaitait que la nouvelle consultation ait lieu entre fin 2018 et début 2019. Elle a justifié la tenue d'un second référendum par le fait que 62% des Ecossais avaient voté en faveur d'un maintien dans l'Union européenne lors de la consultation sur la sortie du Royaume-Uni de l'UE en juin 2016.
Le parlement écossais s'était prononcé le 28 mars, par 69 voix contre 59, en faveur de ce nouveau référendum sur l'indépendance de l'Ecosse, moins de trois ans après celui qui avait été perdu en septembre 2014 (55% contre 45%).
Le référendum aura-il lieu ?
Nicola Sturgeon a besoin de l'accord du gouvernement et du parlement britanniques pour organiser une seconde consultation. Londres avait déjà fait savoir le 28 mars que ce n'était «pas le bon moment» pour organiser un référendum sur l'indépendance de l'Ecosse, au moment où vient de débuter une période de deux ans de discussions complexes avec Bruxelles pour négocier le Brexit.
Le même jour, le Premier ministre écossais avait haussé le ton, indiquant qu'il serait «démocratiquement indéfendable» pour Londres de refuser de répondre favorablement à la demande d'un nouveau référendum.
Theresa May a en effet le pouvoir de bloquer l'initiative, mais les analystes ont estimé qu'il lui serait difficile de la repousser indéfiniment. Anticipant par ailleurs, un éventuel rejet de Londres, Nicola Sturgeon a fait savoir qu'elle détaillerait les prochaines étapes de son projet après les vacances de Pâques.
Pour mémoire, le 16 mars dernier, le Premier ministre britannique avait déjà déclaré : «Mon message est très clair : ce n'est pas le moment. J'ai expliqué pourquoi. Je pense que nous devrions travailler pour obtenir le bon accord pour l'Ecosse et le Royaume-Uni dans le cadre de notre partenariat futur avec l'Union européenne».
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