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Il ne «satisfait pas son désir sexuel» en attouchant une adolescente ? Le juge mexicain l'acquitte

Parce qu'il avait agi «sans intention charnelle» mais «juste pour humilier», un Mexicain a été acquitté par la justice pour l'agression sexuelle d'une adolescente. La décision du juge a provoqué un tollé au Mexique.

Diego Cruz Alonso, un jeune homme accusé d'agression sexuelle sur mineure, a été acquitté le 27 mars par la justice à Veracruz, au Mexique. La justification de l'acquittement ? Selon le juge, l'acte du jeune homme n'avait été motivé par «aucune intention sexuelle». 

Le juge a en effet considéré que si Diego Cruz Alonso avait «[réalisé] des attouchements sur la mineure», «il n'[avait] pas tenté d'avoir de rapport sexuel vaginal, anal ou oral». Le tribunal a ainsi considéré que le jeune homme avait agi «sans intention charnelle» mais «juste pour humilier».

«Les attouchements ou les frottements accidentels, en privé ou en public, ne sont pas considérés comme un acte sexuel s'ils ne sont pas accompagnés d'une "intention de satisfaire un désir sexuel aux dépends de la victime"», a par ailleurs précisé le tribunal mexicain. 

Pour rappel, Diego Cruz Alonso avait fui en Espagne dans un premier temps pour ne pas devoir faire face à la justice. Il avait été arrêté en juin 2016 et finalement extradé au Mexique en janvier, après plusieurs mois de bataille juridique.

Une décision «scandaleuse»

La famille de la victime a décrit cet acquittement comme «une décision offensante» et «scandaleuse». «Ce qu'a fait ce juge est une blague. Avec cet acquittement, n'importe qui pourra attoucher un enfant sans [craindre] de conséquences pénales», a notamment déploré le père de l'adolescente. 

Le procureur général de Veracruz est également monté au créneau, dénonçant l’acquittement de Diego Cruz Alonso. Il a par ailleurs annoncé qu'il présenterait un recours en justice pour «défendre les droits de la victime».

La décision du juge de Veracruz a en réalité provoqué l'indignation d'une large partie de la société mexicaine et de certaines organisations des droits de l'homme. Sur les réseaux sociaux, les internautes mexicains ont très vite exprimé leur colère. 

Cette décision «représente un grave retour en arrière en matière de reconnaissance et d'accès à la justice pour les enfants et les adolescentes victimes de viol», a par exemple déclaré le Réseau pour les droits de l'enfance au Mexique. Cette association a rappelé que les autorités étaient dans l'obligation de protéger les droits des enfants.

Diego Cruz Alonso est l'un des quatre jeunes hommes accusés d'avoir agressé sexuellement une de leurs camarades de classe en 2015, lors d'une fête du Nouvel An. Deux des trois autres inculpés sont accusés d'avoir violé l'adolescente de 17 ans. Si l'un des accusés est toujours en prison, un autre est fugitif, et le dernier a été innocenté.

Surnommés «Los Porkys» par les réseaux sociaux, ces quatre jeunes hommes appartiennent à des familles aisées et influentes de l'Etat mexicain de Veracruz. «Los Porkys» était déjà le surnom donné en 2001 à une bande de jeunes hommes riches et violents qui terrorisaient les boîtes de nuit de Veracruz. Un jeune homme avait notamment été frappé à mort par ces individus. 

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