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L'OTAN s'en prend à la Russie après les avancées militaires des Taliban en Afghanistan

Alors que les Taliban ont repris un district clé dans le région du Helmand dans le sud du pays, l'OTAN accuse à demi-mot la Russie de les soutenir. Des «élucubrations» justifiant l'«effondrement politique et militaire» de l'Alliance répond Moscou.

Les Taliban gagnent du terrain en Afghanistan. Les insurgés viennent de faire une importante percée dans la région du Helmand et se rapprochent de sa capitale Lashkar Gah, après avoir repris le district de Sangin aux troupes gouvernementales afghanes.

Le déroulé des événements est pour l'heure incertain. D'un côté, la télévision afghane cite des responsables gouvernementaux qui assurent que d'intenses combat ont éclaté dans la nuit du 22 au 23 mars, forçant l'armée afghane à se retrancher dans sa base militaire. Les militaires auraient alors récupéré les équipements avant de se replier dans une zone sécurisée, détruisant les installations pour éviter qu'elles ne tombent aux mains des Taliban.

Le journal britannique The  Independent donne une version différente des événements, après avoir joint par téléphone un porte parole de l'armée afghane dans la région. Celui-ci explique que les dirigeants afghans ont décidé d'évacuer Sangin après avoir appris que les Taliban avaient pénétré dans les maisons des habitants.

«Nous ne voulions pas répliquer pour éviter des pertes civiles», a déclaré Mohammed Rassool. «Le conseil militaire a ordonné la retraite», précise-t-il, ajoutant que les Taliban essayent de prendre Sangin depuis des années. Ils sont parvenus à leurs fins le 22 mars.

Les «élucubrations» de l'OTAN

Cette défaite militaire des troupes afghanes a manifestement été mal digérée par Washington, qui avec l'aide de l'OTAN, avait déployé près de 13 000 hommes dans la région. Témoignant devant le Congrès américain, le général Curtis Scaparrotti, chef des forces de l'Alliance atlantique en Europe, a cherché à en comprendre les causes profondes. Il a fini par s'en prendre à la Russie.

Là-bas, «j'ai vu l'influence de la Russie dernièrement, une influence accrue en termes d'association et peut-être même de soutien aux Taliban», a signalé le général.

Le responsable de l'OTAN n'a pas jugé opportun de rentrer dans le détail de ces accusations et n'a donc pas précisé à son auditoire de quel type d'approvisionnement les Taliban pourraient «peut-être» bénéficier.

«Il s'agit de déclarations absolument mensongères», a confié à l'agence Ria Novosti Zamir Kaboulov, représentant spécial du Kremlin pour l'Afghanistan.

Ce dernier a balayé d'un revers de la main ce qu'il estime être des «élucubrations» qui n'ont pour seul but que de «justifier l'effondrement des militaires et politiques américains dans la campagne afghane». «Il ne peut y avoir d'autre explication», a-t-il conclu.

Le ministère russe des Affaires étrangères ne fait pas secret des «contacts limités» qu'il a récemment établis avec le groupe insurgé, avec pour objectif de les convaincre de rejoindre le processus de réconciliation nationale.

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